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NÉCROLOGIE

combien il en était aimé. Les adversaires de l’enseignement public savaient aussi que sa vigilance et sa fermeté n’étaient jamais en défaut, mais ils rendaient hommage à sa droiture et à sa loyauté.

Il avait en outre un sens très exact des intérêts du pays où il administrait. Lorsque, il y a deux ans, des notions maritimes élémentaires prirent place dans les programmes des écoles du littoral, Aignan se préoccupa aussitôt d’organiser ce nouvel enseignement. Avec ce besoin d’action qui le poussait à dépenser ses forces sans compter, il redevint professeur, il se chargea de préparer les élèves de l’école normale de Vannes à l’enseignement maritime. De ces conférences sortirent deux volumes excellents et qui doivent être recommandés à tous nos maîtres des écoles du littoral[1].

En mars 1900, Aignan fut nommé à la Rochelle, sur sa demande. Il était déjà souffrant, mais rien ne permettait de soupçonner qu’il fût gravement atteint. En quittant le Morbihan, il eut la pensée touchante de publier pour les braves instituteurs qu’il quittait (en me l’adressant, il avait écrit sur la couverture, a publié uniquement pour les instituteurs publics du Morbihan »), avec qui il avait vécu pendant six ans dans une si complète communion d’esprit et de cœur, une brochure : Notes et documents sur l’enseignement de la morale. Il leur montrait ainsi que la préoccupation de l’éducation morale est celle qui dominait toutes ses pensées, tous ses efforts, comme elle doit dominer toutes les pensées, tous les efforts de ceux qui ont l’honneur de collaborer à l’enseignement primaire. Il y reproduisait ses instructions, celles de ses inspecteurs primaires ; il relevait les actes de dévouement et de probité très nombreux accomplis par les enfants des écoles. C’était, selon lui, la meilleure des réponses à ceux qui s’obstinent encore à contester à nos maîtres le droit de former au bien, aux vertus morales et aux vertus civiques l’âme de nos enfants. La Revue pédagogique publiera prochainement des extraits de ce petit livre, dont la lecture m’avait vivement ému. Sans s’en douter, Aignan a écrit là son testament moral :

  1. Aignan et Guillard Premières notions sur la pêche, la navigation à la mer. — Aignan Introduction à l’étude de la navigation (Paris Gedalge 1899),