Page:Revue pédagogique, second semestre, 1912.djvu/468

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
454
REVUE PÉDAGOGIQUE

viande », ils « donnent à dîner au boucher tous les samedis et une bouteille de bon vin le premier jour de l’année » ; ils ont leur réservoir peuplé de carpes et de brochets, tous les jours ils envoient un domestique faire des emplettes d’œufs, de « beurre frais », de lait, de fruits, de volaille, voire de « gibier ». Nous ne connaissons pas les menus quotidiens de ces heureux Révérends Pères ; mais, d’après les quelques renseignements qui viennent d’être donnés, nous pouvons en conclure que leur mode de vie n’était rien moins qu’ascétique.

Ils avaient bien de temps en temps l’inquisition des administrateurs pour venir les troubler dans leur quiétude. Mais les interventions venues du dehors les laissaient indifférents, car ils l’emportaient le plus souvent dans les querelles que leur cherchaient les proviseurs. Étant presque toujours soutenus par les Évêques de Genève, vivant largement et dans l’indépendance, ils craignaient peu les autorités séculières et se trouvaient délivrés des préoccupations matérielles.

Les Barnabites habitaient un local vaste, qui se composait de deux étages, donnant sur une cour assez grande. Si maintenant il vous prend fantaisie de revenir dans cet immeuble, vieux de trois et quatre siècles[1], vous n’en verrez plus que la structure, recouverte d’un badigeon uniforme : le badigeon des casernes. Aux vieilles pierres on n’a rien conservé de leur antique destination ; et au milieu de tout cet attirail des armées, il est bien difficile d’évoquer aujourd’hui les réunions des Pères de la congrégation de Saint-Paul, les controverses théologiques d’antan, le cérémonial des thèses, tout ce qui caractérisait la vie très curieuse des élèves savoyards et de leurs maîtres Barnabites.


  1. L’ancien collège chappuisien se trouve aujourd’hui dans la « Rue du Collège », avec une plaque rappelant le souvenir du fondateur. Il est resté établissement d’enseignement secondaire jusqu’en 1888, époque où ont été inaugurés les nouveaux locaux du lycée Berthollet.