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confinent à la théologie ou s’y mêlent. D’autre part, c’est là un sujet d’études peu fructueux sans un guide sûr, et les théologiens protestants de langue française, auxquels l’examen des travaux allemands s’impose comme la condition nécessaire d’un travail intelligent et solide, sont naturellement préparés pour y introduire les philosophes de profession. À cet égard je signalerai à côté de l’excellent ouvrage de M. Astié, celui d’un ancien professeur de la faculté de théologie de Strasbourg, M. Lichtenberger qui, sous le titre d’Histoire des idées religieuses en Allemagne depuis le milieu du xviiie siècle jusqu’à nos jours[1], a résumé en trois volumes le mouvement théologique moderne et contemporain. Je suis bien aise également de pouvoir annoncer à tous ceux qui s’intéressent aux questions de critique, d’histoire et de philosophie religieuses, mais qui, faute d’un moyen d’information à la fois sûr et commode, ne peuvent se mettre au courant d’une masse de problèmes souvent complexes, que ce même savant vient de se mettre à la tête d’une entreprise importante destinée à doter notre pays d’un instrument indispensable aux travailleurs, à savoir d’une Encyclopédie des sciences religieuses pour laquelle il s’est assuré le concours des hommes les plus compétents.

Nous nous assurons que les hommes qui, comme MM. Astié et Lichtenberger, ont entrepris de nous familiariser avec les résultats d’une branche importante du travail humain, verront leur œuvre appréciée à sa juste valeur, malgré l’indifférence d’une partie du public.

Maurice Vernes.

M. Luguet : Étude sur la notion d’espace d’après Descartes, Leibniz et Kant. Paris, 1875. — Comme on le voit par le titre même de son livre, M. Luguet n’a pas craint de se mesurer avec un des sujets les plus difficiles de la philosophie. Lui-même, du reste, ne s’est fait aucune illusion sur ce point, comme on peut le voir par les premières lignes de sa préface. Je me hâte d’ajouter que l’impression qu’on éprouve en terminant la lecture de l’ouvrage est bonne. On se sent en présence d’un esprit ferme, patient, tenace, capable d’une vraie puissance de méditation.

L’auteur a divisé son livre en cinq parties. La première a pour titre Descartes ; la seconde, Leibniz ; la troisième, Kant ; la quatrième. Comparaison des doctrines ; et la cinquième, Conclusion. C’est un travail à la fois historique et dogmatique, la partie historique dépassant de beaucoup, sinon pour l’importance au moins pour l’étendue, la partie dogmatique.

Comme interprète du public, je dois adresser d’abord à M. Luguet sinon un reproche au moins une petite réclamation. M. Luguet paraît

  1. Sandoz et Fischbacher, 1873.