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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS



Paul Janet : Les Causes Finales, Paris, Germer Baillière, 1876 ; 1 vol. in-8o.

Le problème des causes finales a reçu depuis longtemps, dans l’école spiritualiste, une solution qui est devenue presque un dogme. En le reprenant après tant d’autres, M. Paul Janet nous semble avoir voulu le poser avec plus de précision, le résoudre avec plus de méthode que n’avaient fait ses devanciers, le maintenir par une discussion complète et approfondie contre la science et les systèmes qui le nient ou le dénaturent. À ces différents titres, cette œuvre savante et considérable doit être tenue pour l’expression de beaucoup la plus achevée qui ait encore paru, de la métaphysique spiritualiste sur la question de la finalité. Nous voudrions pouvoir signaler toutes les vues ingénieuses et originales qui s’y rencontrent et en discuter quelques-unes ; mais dans les limites d’un compte-rendu analytique, nous devons nous borner à en indiquer les idées principales.

Le problème général des causes finales se subdivise en deux questions : 1° la finalité est-elle une loi de la nature ? 2° quelle est la cause première de cette loi ? De là deux parties dans l’ouvrage.

1re partie. — Les causes finales sont des effets prédéterminés, sinon prévus, des résultats qui sont en même temps des buts. Nous ne pouvons savoir à priori s’il doit en exister dans la nature ; tous les phénomènes, en effet, sont loin de nous suggérer l’idée de but, ce qui serait, si le principe de la finalité était un principe constitutif de l’entendement ; de plus, nous ignorons à priori le critérium de la finalité. C’est donc à l’observation, à l’analyse et au raisonnement qu’il appartient de déterminer ce critérium et d’établir, s’il y a lieu, ce principe.

Les phénomènes successifs forment des séries dont les termes sont unis les uns aux autres en vertu du principe de causalité ; mais ils ont aussi des rapports de coexistence, les séries qu’ils constituent ne sont pas parallèles ; elles se réunissent et coïncident en un certain nombre de foyers. Cette coïncidence n’est pas fortuite ; comme tout phénomène elle doit avoir une cause. Parfois deux séries absolument indépendantes arrivent à se rencontrer sans aucune influence mutuelle. Dans ces rencontres de hasard, « il suffit que chacun des phénomènes dont se compose la résultante s’explique pur ses causes respectives. » Mais