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moins optimistes, plus ou moins enclins à la folie, au suicide, plus ou moins disposés à sacrifier l’avenir aux dépens du moment actuel, plus ou moins aptes à tel ou tel ordre des sciences. L’histoire d’un peuple est une expression de son tempérament sur lequel elle réagit à son tour.

Le caractère, comme le tempérament, varie selon les nations : les unes en ont beaucoup, les autres peu, ce qui tient, selon M. Reich, à la quantité des phosphates contenus dans le cerveau. L’abaissement du caractère, auquel correspond toujours une déformation des crânes, dépend en grande partie du gouvernement, qui peut diminuer l’activité intellectuelle et favoriser à l’excès les plaisirs et la paresse.

Les travaux intellectuels sont des manifestations fort variées de l’activité intellectuelle. Un développement anormal des facultés en un sens particulier ou une demi-éducation sont, à la vérité, funestes ; mais la véritable richesse intellectuelle est, après la vertu, le premier des biens. Les couches supérieures de la société doivent donner le bon exemple aux pauvres et aux ignorants qui sont tout portés à les imiter. Le langage, l’art, la poésie, la science, sont plus ou moins parfaits selon que l’âme du peuple est plus ou moins cultivée. Quant à la philosophie, elle n’agit guère que par les doctrines morales qu’elle enseigne.

La morale dépend surtout de la Volonté, dont la régularité ou l’irrégularité fait la moralité ou l’immoralité des citoyens. La valeur de la volonté dépend de l’état du cerveau et du sang, du climat, des influences intellectuelles et morales qui agissent sur l’âme par l’intermédiaire des sens. Les Passions, dont la prépondérance est en raison inverse de la force de la Volonté, ont une grande influence sur le développement de l’Âme du peuple, car elles transforment héréditairement les poumons, le cœur, le cerveau. Au fond, l’état moral du peuple varie avec son organisation physique, avec la race, la manière de vivre, avec l’exemple des classes dirigeantes, la vie de famille et la Religion.

L’état social et politique dépend de la liberté personnelle qui est cet état du cerveau où l’Individu connaît le mieux le rapport entre ses motifs et ses actes. L’hérédité, le climat, les occupations journalières rendent l’homme plus ou moins propre à la liberté : celle-ci n’est possible qu’avec la sûreté des personnes et des propriétés que donne la liberté civile. Les lois qui la garantissent sont en rapport étroit avec la prospérité, la santé, la moralité du peuple. Une protection, sans exagération, de la part de 1 État, une bonne école, un gouvernement paternel sont nécessaires pour assurer le bon usage de la liberté civile et le développement normal de la liberté personnelle : à l’influence de l’État vient s’ajouter celle de l’Église, qui concourt aussi à la santé et à la moralité des âmes.

Conclusion. En résumé, l’âme du peuple varie selon la Constitution physiologique et le Tempérament qui eux-mêmes sont des effets de l’Hérédité, du Climat, de la nourriture ; elle est en rapport étroit avec la santé des individus, elle est reflétée, comme dans un miroir, par la