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LES LOCALISATIONS CÉRÉBRALES

(SUITE ET FIN)[1]


II

Les points moteurs


Nous avons montré dans un précédent article que la faculté du langage articulé réside en une région circonscrite de l’écorce cérébrale. Existe-il dans cette écorce d’autres territoires destinés à régler le jeu des muscles de notre visage, à commander à notre main ces gestes variés qui traduisent nos sentiments intimes et reflètent nos passions presque à l’égal de la physionomie, à gouverner enfin bien d’autres mouvements qui à la vérité ne servent pas au langage mimique, mais qui sont évidemment dans la dépendance immédiate de la volonté ? Telle est la question que nous allons examiner aujourd’hui.

Partant du fait bien établi qu’il y a pour le langage articulé une localisation spéciale, il était naturel, ce semble, de supposer l’existence de régions analogues pour le langage mimique. Personne, cependant, que je sache, après la découverte de M. Broca, ne tenta cette généralisation ; et jusqu’à ces derniers temps on continua d’admettre que la couche corticale était réservée aux actes purement psychiques et que les masses grises centrales devaient être le substratum nécessaire de tous les actes de volition qui ont un mouvement pour conséquence immédiate. Ce qui, selon toute vraisemblance, entretenait les physiologistes dans cette idée, c’était la notion, fondée, disait-on, sur un grand nombre d’expériences, et pour cela passée à l’état d’axiome, que la couche superficielle du cerveau n’était pas excitable, c’est-à-dire qu’on pouvait la soumettre à l’action d’irritants mécaniques ou chimiques et de l’électricité sans qu’aucun mouvement se manifestât chez l’animal en expérience. On ne songeait pas assez que de cette prétendue inexcitabilité de l’écorce, on ne pouvait rien conclure, attendu qu’il y a d’autres par-

  1. Voir la Revue philosophique, juin 1876.