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vaux de Gratiolet, quelles sont dans l’encéphale de l’homme et du singe les parties correspondantes[1]. Il suffit pour faire cette détermination avec certitude de partir de points de repère fixés. Qu’on me permette, pour les personnes qui ne sont pas versées dans l’étude de l’anatomie comparée, de fournir à cet égard quelques détails.

Le premier de ces points de repère est la scissure de Sylvius (ss’ de la figure précédente), d’abord horizontale chez le singe comme chez l’homme, mais qui chez les primates se recourbe, comme on voit, en haut et en arrière. Le second est le sillon de Rolando.

Dans la figure précédente, la ligne courbe à convexité antérieure, marquée par sr, représente le sillon de Rolande de l’homme. Par conséquent, la partie immédiatement en avant équivaut à la circonvolution frontale ascendante (ou marginale antérieure) de l’homme ; celle qui la borde en arrière représente la circonvolution pariétale, ascendante (ou marginale postérieure) ; le point indiqué sur la figure par les lettres pta est situé à l’union de la frontale ascendante et de la troisième circonvolution frontale que nous avons récemment appris à connaître.

C’est en se fondant sur ces données que l’on a pu assez légitimement préjuger le siège, chez l’homme, des territoires moteurs de l’écorce. Mais, quelle que bien établie que soit au point de vue morphologique l’équivalence de telle circonvolution du singe et de telle circonvolution de l’homme, on ne peut, nous l’avouons, en déduire rigoureusement leur équivalence fonctionnelle ; car il se pourrait que la topographie ne commandât pas les attributions de telle ou telle région du cerveau. Heureusement des faits pathologiques recueillis chez l’homme ont confirmé de la manière la plus éclatante les inductions tirées de l’anatomie comparée.

Les plus importants de ces faits pathologiques sont dus à M. le professeur Charcot ; nous n’en ferons pas ici une analyse qui ne serait pas à sa place et nous nous contenterons de dire qu’ils démontrent péremptoirement l’existence chez l’homme, comme chez le singe, des territoires moteurs autour du sillon de Rolande. À la partie supérieure se trouvent ceux des membres ; plus bas, celui de la face ; à l’égard de ce dernier, il est digne de remarque que le centre des mouvements des lèvres et de la langue touche le territoire dont la lésion produit l’aphasie et peut-être se confond avec lui.

Nous aurions maintenant à discuter la localisation de certains sens dans l’écorce ; mais nos actions à cet égard, n’étant guère jus-

  1. Mémoires sur les plis cérébraux de l’homme et des Primates. Paris, 1854, in-4, avec atlas de 13 planches.