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artistiques. Jusqu’à un certain point, en effet, la réflexion subjective collective peut arriver îi de pareilles déterminations quantitatives et cette unanimité de jugement peut être corroborée par la considération de certaines conditions objectives du degré dans le plaisir. Mais, en outre, la psychologie de l’évolution nous fournit une méthode pour comparer les différents genres de jouissances esthétiques, aussi bien que les formes esthétiques correspondantes ; et cette méthode s’applique même à des cas où l’accord des jugements individuels se manifeste moins distinctement. Comme j’ai examiné ce point ailleurs, il est inutile d’y insister ici[1].

Il suffira de dire que le principe même de l’évolution implique un développement, et, par conséquent, une extension des facultés ; que la faculté esthétique est soumise aux mêmes lois de développement que les facultés rationnelles ou morales, et qu’en trouvant une expression pour la loi précise de ce développement, nous pouvons arriver à un excellent critérium de nos jugements artistiques. Une analyse raisonnée complète du processus de la culture esthétique, tel qu’il se manifeste dans l’individu et dans la race, nous fournirait des principes esthétiques définis, à l’aide desquels on pourrait probablement arriver à une détermination quantitative aussi exacte qu’on peut raisonnablement l’espérer dans une science morale, et suffisante en pratique dans la plupart des cas.

James Sully.
  1. Sensation and Intuition, p. 351 et suiv.