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analyses. — b. ball. Maladies Mentales.

Dr B. Ball. — Leçons sur les maladies mentales. 1er Fascicule. Asselin, 1876.

M. le Dr Ball a entrepris la publication d’un ouvrage sur les maladies mentales, dont le premier fascicule, qui seul a paru, est particulièrement intéressant pour les lecteurs de la Revue philosophique. Une introduction consacrée à l’étude de la folie en général contient des détails curieux sur l’automatisme de la pensée, sur ce que Carpenter a appelé la cerèbration inconsciente ; nous signalerons surtout quelques pages sur les états convulsifs de l’intelligence, dans lesquelles M. Ball a montré la corrélation qui existe entre des phénomènes moteurs et des phénomènes psychiques : corrélation telle que l’on voit quelquefois l’excitation habituellement portée sur les centres moteurs se transporter brusquement sur les centres intellectuels. Ainsi des épileptiques possèdent la plénitude de leur intelligence tant qu’ils ont des attaques convulsives ; mais dès que les attaques disparaissent elles sont remplacées par un délire maniaque, la monomanie homicide, etc.

Les deux chapitres suivants comprennent l’étude des illusions et des hallucinations.

« L’illusion, a dit M. Lasègue, est à l’hallucination ce que la médisance est à la calomnie ; l’illusion s’appuie sur la réalité, mais elle brode ; l’hallucination invente de toutes pièces, elle ne dit pas un mot de vrai. » Mais entre ces deux états la distinction n’est pas toujours aussi nette, et nous verrons plus loin que leur nature intime est la même, qu’ils ont les mêmes conditions.

L’hallucination est une « impression purement subjective qui se projette au dehors, et va se mêler aux objets réels dont l’existence nous est révélée par le témoignage de nos sens » ; c’est un état de conscience qui a l’intensité de la sensation, et dont le caractère distinctif est de se produire en dehors d’une excitation sensorielle.

M. Ball a suivi la distinction que M. Baillarger a faite des hallucinations en psycho-sensorielles, psychiques. Mais, comme M. Ball, avant d’aborder les théories, nous analyserons les faits, en commençant par les hallucinations psycho-sensorielles.

1° Les hallucinations les plus fréquentes sont celles de l’ouïe, les malades entendent des bourdonnements, des bruits plus ou moins vagues, des interjections, des membres de phrases, de véritables discours, quelquefois des conversations dans lesquelles ils font eux-mêmes les demandes et les réponses. La direction dans laquelle s’entendent les voix est variable. Les hallucinations sont parfois unilatérales (c’est ainsi qu’un halluciné entendait toujours le diable du côté gauche) ; elles sont fréquentes chez les personnes atteintes de surdité, et chez les individus prédisposés on les a provoquées en excitant le nerf auditif par un courant galvanique.

Les hallucinations de la vue sont, comme celles de l’ouïe, plus ou moins compliquées, et, comme elles, se produisent dans des conditions très-variables. Elles sont plus fréquentes la nuit que le jour ; elles