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L’auteur nous promet un Traité populaire de philosophie morale. Il aura là une belle occasion de mettre en œuvre cette méthode qui nous paraît la seule acceptable pour ce genre d’écrits ; et au cas où elle lui semblerait trop peu élevée, nous lui rappellerons que Descartes se proposait d’exposer les principes de sa philosophie en termes assez clairs pour être compris des enfants de douze ans.


Fontana (Giacinto) : Idea per una filosofia della Storia, Firenze, 1876.

Voici un livre qui témoigne de lectures fort étendues, et de solides connaissances, mais qui ne paraît pas devoir influer sensiblement sur la conception que se fait de son histoire et de ses destinées l’humanité pensante. C’est, en somme, un développement oratoire en quatre cents pages des théories émises çà et là sur ce sujet, dans l’école où le jeune auteur a été nourri. La philosophie de l’histoire y est envisagée comme une annexe de la métaphysique ; elle montre dans les faits le développement de l’idée, tandis que la métaphysique étudie l’Idée en elle-même (p. 38). Qu’est-ce donc que cette idée, but et lumière des mouvements de l’humanité ? C’est l’Être absolu, en tant que saisi par la raison humaine, c’est l’objet par excellence de la pensée, distinct d’elle, éternel, immuable, infini. C’est aussi le terme de l’action. En elle réside le principe de toute explication rationnelle ou systématique de l’histoire. Il y a bien une histoire qui s’appelle philosophique, et qui sans le secours de l’Idée lie les faits les uns aux autres, en découvre les lois, explique par ces lois la décadence et le réveil des peuples, et, n’est pas sans utilité quand il s’agit de diriger le cours des événements (p. 36). Mais cette histoire qui peut intéresser le législateur ne mérite que faiblement l’attention du philosophe : elle se traîne à la remorque des faits et se borne à une analyse empirique des éléments de l’histoire. La vraie philosophie de l’histoire se place par une synthèse hardie au cœur du vaste travail de la civilisation, au centre même où tendent les aspirations des peuples, et de là pénètre facilement dans les profondeurs les plus reculées de leur conscience. « La synthèse est, en effet, le procédé dont se sert la philosophie universelle dans toutes les sciences qui ont pour fondement l’Idée (p. 33). » Ainsi donc nous voilà avertis que la Philosophie de l’histoire telle que l’entend M. Fontana se construit à priori, et subordonne les faits à l’Idée. Il ne faut donc pas nous étonner si elle s’allège tout d’abord du bagage encombrant de détails géographiques et anthropologiques dont l’historien philosophe croit devoir se charger : « traitant de l’idéal, elle doit exclure ce qui regarde la nature (p. 34). » Son but unique est de montrer comment l’Idéal est d’une part conçu, d’autre part réalisé dans la société humaine ; en sorte qu’elle peut se résumer en ces deux points : histoire