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entre l’excitation et le processus nerveux ; en ce cas la sensation serait simplement proportionnelle au processus. La seconde hypothèse donne à la loi une signification purement physique ; la première lui donnerait une valeur psychologique. C’est cette seconde interprétation que Fechner a adoptée. — L’auteur, après avoir rappelé les expositions et recherches de Wundt sur ce sujet (Physiologischen Psychologie), examine les travaux de Bernstein : Untersuchungen ueber den Erregungsvorgang in Nerven und Muskelsysteme, et s’appuie sur eux pour donner à la loi une interprétation physiologique. Le grand défaut de Fechner, c’est qu’il n’a jamais déterminé ce qu’il faut entendre par « intensité d’une sensation. » L’intensité véritable, dit M. Ward, a été confondue avec une façon possible de la mesure ; c’est tout comme si l’on confondait l’intensité d’une inondation ou d’un incendie avec le terrain couvert ou le nombre de maisons détruites.

L’article de M. Adamson sur la Philosophie de Schopenhauer contient plutôt une exposition qu’une critique. L’auteur fait remarquer qu’il y a déjà toute une littérature sur l’œuvre de Schopenhauer et il trouve l’influence de cette philosophie dans deux ouvrages français récents : les Dialogues philosophiques de Renan et l’Esprit nouveau d’E. Quinet. D’après lui, le succès de Schopenhauer est dû surtout à ce qu’il répond à une tendance toujours croissante : la substitution d’une sorte de physique spéculative à la métaphysique proprement dite.

J. Venn : Système logique de Boole. À propos des travaux de M. Stanley Jevons sur la logique, M. J. Verne résume le système logique contenu dans l’ouvrage de M. Boole intitulé : Les lois de la pensée (Laws of Thought), dont il a fait depuis longtemps une étude approfondie[1].

Tout le monde connaît l’admirable découverte de Descartes sur l’application de l’algèbre à la géométrie. Si l’on convient d’un système de coordonnées, toute fonction de deux variables représente une ligne courbe. Cela signifie que tout élément de la fonction, signe, terme, coefficient, etc., correspond à une propriété déterminée de la courbe, que toute transformation algébrique de la fonction correspond à une propriété particulière de la courbe et même démontre l’existence réelle de cette propriété. M. Boole a essayé de faire une application analogue de l’algèbre à la logique.

Concevons une fonction de et telle que l’on ait :

.

Concevons que, par des conventions particulières, chaque forme de la fonction , chaque valeur assignée à et à dans chacun des termes du second membre corresponde à telle ou telle circonstance particulière d’un problème logique, on comprendra que toute transfor-

  1. Voir J. Venn, Logic of Chance. Préf. de la 1re édition, p. IX.