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UN NOUVEAU DISCIPLE
DE SCHOPENHAUER[1]

J. BAHNSEN
(suite et fin)

6. — Développement partiel et universel.

De tout ce que nous avons dit il ressort que l’individualisme métaphysique de Bahnsen non-seulement ne repose sur aucun fondement solide, mais qu’il a même une tendance irrésistible à se transformer en monisme. Ce philosophe n’a donc en aucune façon le droit d’élever des objections contre l’évolution moniste. On peut néanmoins reconnaître la justesse de son observation, que notre expérience ne va pas au-delà de la connaissance de développements individuels (par exemple de l’humanité ou de notre système planétaire) et que le développement « pur » ou absolu de l’Univers ne peut nulle part être observé comme une réalité empirique. Mais on sera aussi peu disposé à rejeter pour ce motif le concept du développement universel, qu’on ne rejette le concept de l’Univers parce que celui-ci ne peut *pas être connu empiriquement et qu’il reste éternellement un simple postulat de l’intelligence.

Ce qui nous conduit, avec une sûreté inductive suffisante, à la conception d’un développement universel, c’est encore la relativité du concept de l’individualité, ainsi que cette vérité générale que tout développement d’un individu d’ordre inférieur entre comme engrenage, à titre de moment d’un degré plus haut, dans le développement plus relevé et plus large d’un individu appartenant à un ordre immédiatement supérieur. C’est ainsi que la vie de la cellule est un anneau dans le développement d’un organe, et celui-ci une

  1. Voir la Revue Philosophique du 1er janvier 1877.