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PÉRIODIQUES. — Vierteljahrsschrift.

fini, puisqu’ils le conçoivent limité aussi bien dans son étendue, dans sa masse, que dans sa durée passée et future. « Il est facile de voir que, chez les physiciens anglais du moins, le désir d’accorder les données des sciences exactes avec les conceptions théologiques n’a pas été sans influence sur cette limitation de l’univers. » Admettre que le monde a commencé et finira, c’est réserver une place à l’action créatrice : elle a été nécessaire pour le produire, elle ne le sera pas moins pour le renouveler. Mais la théorie cosmologique, que nous examinons ici, fait intervenir le miracle dans le cours de la nature, puisqu’elle le place dans le temps, à l’origine et à la fin du monde. Elle contredit, par conséquent, le principe de causalité. C’est en dehors de la totalité des phénomènes, en dehors du temps seulement, qu’il est permis de chercher la cause transcendante de l’univers : dans le temps, il n’y a place que pour une série de phénomènes, tous également enchaînés par la loi de la causalité.

II. L’hypothèse d’un univers infini.

Distinguons encore ici trois cas, l’univers étant dans tous supposé infini en durée : 1° il est infini en étendue et dans sa masse ; 1º il est infini en étendue, mais limité dans sa masse ; 3° il est limité dans son étendue et sa masse.

Examinons d’abord les deux hypothèses extrêmes, la première et la deuxième que nous appellerons l’hypothèse de la triple et celle de la simple infinité : nous verrons ensuite si l’hypothèse intermédiaire, la seconde, celle de la double infinité, n’échappe pas aux inconvénients des deux autres.

1. Hypothèse de la triple infinité.

Olbers, et surtout Zœllner dans son remarquable ouvrage « sur la nature des comètes, » auquel revient l’honneur d’avoir appelé de nouveau l’attention sur les problèmes cosmologiques, font ressortir, à des points de vue différents, et avec une force inégale, les difficultés que présente l’hypothèse d’une quantité infinie de matière. Bornons-nous à remarquer avec eux que la supposition d’un univers infini dans sa masse et son étendue contredit la loi de la gravitation. « Un tel univers aurait partout, c’est-à-dire n’aurait nulle part son centre de gravité. En chaque point de son étendue infinie, la somme des attractions exercées, par suite celle de la pression, seraient infiniment grandes. Il serait impossible de déterminer seulement la vitesse relative d’un corps en mouvement, puisque tout mouvement relatif doit être rapporté en définitive à un mouvement absolu. D’ailleurs les principes de la mécanique supposent dans l’univers l’existence d’un point fixe absolu. »

2. L’hypothèse de la simple infinité.

Zoellner a montré quelles difficultés, au point de vue de la physique, présente cette hypothèse. « Supposons un moment notre terre, avec son enveloppe liquide et gazeuse, isolée au milieu de l’espace infini : en vertu de la force répulsive des vapeurs, les gaz se disperseraient insensiblement dans l’atmosphère. Or tout corps est dans une cer-