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292 BEVUE PHILOSOPHIQUE

tien. De Morgan a remarqué, il y a longtemps déjà, que est et = ne sont pas les seules copules dont nous nous servions dans le raison- nement; être cause de, par exemple, est une copule qui ne saurait être réduite, pour le sens, à la copule est et à la copule =. Depuis lors, un philosophe anglais, d'ailleurs partisan déclaré de la quantifi- cation du prédicat et des théories de Boole et de levons, M. John Murphy a reconnu * que tous les raisonnements déductifs ne rentrent pas dans les cadres du raisonnement par équation et par substitu- tion, dans lesquels il fait tenir le raisonnement qualitatif. Tel est, par exemple, le raisonnement suivant :

Le cosinus est une fonction du sinus; Le sinus est une fonction de la tangente ; Donc : Le cosinus est une fonction de la tangente. On ne peut soutenir, en effet, ni l'identité de ces termes ni l'inhé- rence des prédicats dans les sujets. Être une fonction du sinus n'est pas une propriété inhérente au cosinus, comme la propriété d'être vertébré, est inhérente au mammifère. Tel est encore le raisonnement :

La couleur de la lumière dépend du nombre de ses ondulations dans un temps donné;

Le nombre des ondulations de la lumière dépend du nombre des vibrations du corps qui l'émet ;

Donc : La couleur de la lumière dépend du nombre des vibrations du corps qui l'émet. La règle générale de ce raisonnement pourrait être énoncée en ces termes : ce qui est un effet de l'effet est uyi effet de la cause.

Ce serait à coup sûr une question intéressante, digne d'exercer la sagacité des logiciens, que celle de rechercher les traits caractéris- tiques de ces espèces de raisonnement; elles n'auraient pas sans doute toutes même importance; mais, dans la nature toutes les espèces d'un genre sont loin d'avoir la même valeur.

Un profond penseur français, dont la compétence est universelle dans les choses de philosophie et de science, M. Renouvier, a, dans un ouvrage dont la première édition est de 1854, exposé, sur la théorie générale du syllogisme, des vues dont se rapprochent celles que nous venons d'esquisser. Il pose d'abord un principe général de tout raisonnement déductif, et il en suit les transformations détermi- nées par la nature des rapports variés auxquels il s'apphque. « Sup- posons, dit-il, trois termes g, m, j9, qui entrent deux à deux dans deux propositions, de telle sorte que la première énonce un rapport

1. The Relation of Logic to Langtiage, lu à Belfast, le 17 février 1875, p. 18.

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