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ANALYSES. — angiulli.La Pedagogia.

des caractères fort différents. (Laveleye, De Vavenir des peuples catholiques). M-dis quel système d’éducation employer ? Après avoir écarté les systèmes présentés par la religion et la philosophie spiritualiste, M. Angiulli conclut ainsi cette première recherche : « La constitution scientifique de la pédagogie dépend des progrès récents de la biologie et de la sociologie et trouve ses derniers fondements dans la doctrine de révolution cosmique… L’éducation doit être scientifique et dans ses procédés et dans son contenu. C’est seulement de cette manière que l’homme peut se conformer aux exigences du temps présent et s’approprier les lois de la nature et de l’histoire qui doivent le préparer à remplir dignement son rôle comme individu, comme membre d’une famille, et comme citoyen. »

Dans un second chapitre intitulé l’État et l’École, l’auteur insiste avec force sur la nécessité qui s’impose à l’état de prendre en main cet unique instrument de salut, l’éducation scientifique. « Admettre la liberté sur ce domaine, ce serait admettre que les individus peuvent saper les bases de la vie sociale. » « Si l’état a le droit de punir ceux qui enfreignent les lois de la vie sociale, il a aussi le droit d’exiger que ces lois soient apprises pour empêcher qu’on ne les enfreigne. » Compter sur les individus pour l’organisation d’un système efficace d’enseignement, c’est s’exposer aux déceptions qu’éprouve de nos jours l’Angleterre, où l’on réclame de toutes parts l’intervention de l’état. Quand l’état était personnifié dans un homme revêtu de droits absolus et divins, il était naturel que les consciences se révoltassent contre lui au nom des droits de la personne ; mais de nos jours où l’état n’est que la nation organisée, il a le devoir non-seulement de se défendre, mais encore de veiller à ce que les plus hauts besoins de la civilisation soient satisfaits. « Les fonctions de l’état, selon Wagner, Ahrens, Holtzendorff, se divisent en deux groupes principaux : celles qui ont pour objet la défense du droit, et celles qui tendent à atteindre le terme de la culture, ou de la civilisation. Aussi, selon les doctrines politiques de Gneist et d’autres, l’état se présente comme l’éducateur de la société, comme un établissement d’éducation sociale. (Cusumano : Le scuole economiche della Germania. Napoli, 1875). Veut-on avec Fichte que le progrès consiste dans la capacité croissante des individus à se gouverner eux-mêmes, comment ce progrès peut-il être réalisé plus sûrement que par l’instruction donnée au nom de l’état ? C’est ainsi seulement que l’état travaillera, selon le vœu de l’école libérale, à se rendre inutile. Entrant alors dans le vif de la question au point de vue politique, M. Angiulli réclame pour l’état le droit d’intervenir non-seulement pour veiller à ce que l’instruction soit donnée à tous, mais encore pour déterminer les matières de l’enseignement et jusqu’à son esprit. Non qu’il aspire, dit-il, à fonder une nouvelle orthodoxie. « Nous affirmons seulement que l’état a le droit et le devoir de faire de la science le fondement de l’éducation comme elle est celui de l’histoire moderne, laissant à la liberté de chacun le choix de la forme religieuse qui s’accorde le mieux