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levoix. — la fête de l’humanité

de nous-mêmes. Le disciple de la Religion de l’Humanité ne rompt pas avec le passé. Il n’est pas en antagonisme avec les vieilles religions, mais plutôt les embrasse toutes. Il n’adore d’autre Dieu que l’Humanité ; cependant sa religion est le successeur naturel du catholicisme du moyen-âge. Ce grand système fut le premier et par suite un imparfait essai d’organisation d’une Religion de l’Humanité, Quant au Protestantisme, c’est un système essentiellement désorganisateur et par conséquent rétrograde. Saint Paul, l’apôtre des Gentils, était le précurseur d’Auguste Comte[1].

Le discours traitait également plusieurs points touchant l’organisation et les affaires intérieures, dont nous ne croyons pas nécessaire de parler ici. Il était également fait mention des nouvelles conversions qui, paraît-il, pourraient être plus nombreuses, quoique le triomphe définitif de la Religion de l’Humanité ne pût faire l’objet d’un doute dans l’esprit du prédicateur. Il y était aussi question de l’acquisition pour la chapelle d’une gravure de la Madonna di San Sisto, achetée avec le prix d’un article de M. Richard Congreve, publié dans le Fortnightly Review, ainsi que d’une tablette de marbre portant une inscription en lettres d’or, à la mémoire du premier disciple Hindou. (Le texte est en langue italienne, qui doit, paraît-il, être le langage universel de l’avenir.)

Pour compléter ces notes, il est nécessaire d’ajouter qu’en dépit de leur petit nombre, l’influence politique des Positivistes a été assez marquée, dans plusieurs circonstances, notamment en 1870. Ils ont par leurs conférences, aussi bien que par leurs brochures, produit un revirement dans l’opinion publique en faveur de la France. Et si, en politique, ils ne sont pas absolument exempts de préjugés de secte, ils se sont du moins complètement soustraits à l’influence des préjugés nationaux. À Londres, par leurs conférences gratuites qu’ils font soit dans leur chapelle, soit dans les clubs ouvriers, ils contribuent puissamment à répandre une instruction solide parmi les membres de la société qui n’ont que peu de loisir ou d’occasions de s’instruire. Finalement, leurs plus grands adversaires même les traitent toujours avec la déférence et l’estime dont leur sincérité, leur désintéressement et leurs connaissances, les rendent dignes.

E. Levoix.
Londres. Février 1877.
  1. Nous croyons que ce résumé n’est pas trop inexact, mais nous nous faisons un devoir d’ajouter que nous n’avons pu prendre de noies durant le service, que du reste la longueur du sermon qui dura plus d’une heure vingt minutes, le ton excessivement bas et uniforme dont il fut débité (psalmodié ?) ont pu, bien contre notre gré, faire faiblir notre attention. Nous désirons avant tout, que si notre exactitude se trouve en défaut, on veuille bien ne pas y voir un propos délibéré.