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L’article qu’il lui consacre est fort étendu. Il le regarde comme « le représentant » de la conscience proprement dite, dans la philosophie. Il s’attache surtout à faire connaître ses écrits comme moraliste ; sa science des mœurs, sa théorie des biens, celle des devoirs et des vertus, sont l’objet d’une attention particulière. Après lui vient Herbart, qui est traité d’une manière moins favorable ; sa doctrine est toutefois l’objet d’un examen sérieux. L’auteur l’expose et la juge dans chacune de ses parties : la restauration de la logique formelle, la métaphysique, la psychologie, la morale esthétique. Il est surtout sévère à l’égard de la psychologie. Il blâme la méthode mathématique appliquée aux phénomènes de la vie de l’âme. La morale esthétique qui se détache du reste du système ne lui paraît pas non plus avoir une grande solidité ni une portée bien féconde. Il reconnaît néanmoins dans Herbart le mérite de sa critique et la finesse de ses analyses. — Quant à Schopenhauer sur lequel M. Harms avait déjà publié un écrit intitulé : la philosophie de Schopenhauer il ne fait que résumer ce qu’il avait déjà dit dans cette publication. Il fait peu de cas de ce penseur qui lui paraît avoir philosophé d’après le sens commun, à l’exemple des Français et des Anglais, plutôt que selon les lois d’une sévère logique, conformément aux habitudes de la pensée allemande. Sa philosophie selon lui n’est qu’un accident, elle ne se rattache que par des liens très-faibles aux systèmes antérieurs. Il relève les contradictions et les absurdités du Pessimisme qui n’a aucun rapport sérieux avec la vie germanique et européenne. C’est une plante exotique et importée de l’Inde ; en tout cas une « excroissance » de la philosophie allemande.

Le livre se termine un peu brusquement par quelques indications sur l’état actuel de la philosophie en Allemagne.

Les quelques pages que l’auteur consacre à ce qu’il appelle les suites (Fortsetzungen) de ces systèmes sont tout à fait insuffisantes pour nous mettre au fait du mouvement philosophique qui s’accomplit en ce moment chez les successeurs et les continuateurs de Kant. On aurait aussi désiré une conclusion générale qui fait défaut à ce livre et où l’auteur eût condensé sa pensée éparse dans les différentes parties.


Ne partageant pas l’opinion de M. Harms sur l’idée qu’il se fait de la philosophie allemande, et qui a inspiré tout son livre, ne pouvant pas d’autre part entamer avec lui, sur ce sujet, une discussion sérieuse, nous devons nous borner à quelques observations critiques : mais auparavant nous voulons payer à son travail le juste tribut d’éloges qu’il mérite, et que nous nous plaisons à lui décerner.

M. Harms est un des professeurs éminents de l’université de Berlin, Nous nous souvenons d’avoir assisté à une de ses leçons en 1875. Nous avons dû apprécier les excellentes qualités de son enseignement, la clarté méthodique de son exposition et sa critique judicieuse, le talent d’une discussion nette et précise, une érudition abondante, dont il use sans prodigalité, une connaissance exacte et approfondie des ma-