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ANALYSESharms. — Die philosophie seit Kant..

Sur Schelling et sur Hegel nous avons peu de chose à dire, si ce n’est que le système de ce dernier méritait plus de développement. Ces deux systèmes, l’idéalisme physique de Schelling, l’idéalisme logique de Hegel, ne sont pas faits pour corroborer la thèse de M. Harms. Il le reconnaît ; mais il ne les regarde pas moins comme nécessaires au développement de la philosophie allemande.

Les trois systèmes sont les trois parties d’un système unique, à la fois éthique, physique et logique. Chacun repose sur un fondement particulier. Schelhng fonde la philosophie de la nature ; chez lui, le côté moral est effacé. Dans sa philosophie soit négative soit positive, il est dominé par l’idée de l’origine des choses plutôt que par celle de leur but final ; sa théorie de la liberté nous la présente comme identique à la nécessité. Elle apparaît dans la création comme une chute. Ce point de vue théosophique se confond avec celui de l’évolution éternelle ou d’un processualisme (processus éternel de l’être divin). Ainsi la conception morale de l’univers est en réalité absente. L’art est au sommet de ce système. Il donne la solution de toutes les énigmes ; il est l’éternelle révélation de l’infini dans le fini. L’idéalisme transcendantal de son côté, a pour résultat de nous montrer partout l’absorption dans Dieu des individus, de la pluralité dans l’unité. Le panthéisme, le prédéterminisme en sont les conséquences. Quant à la Philosophie de la révélation, cette dernière phase de la philosophie de Schelling. c’est toujours l’absolu sortant de lui-même : la divinité de l’univers, ou la chute des idées dans le monde servant à expliquer le problème du mal. En voilà le fond principal. Ce n’est donc pas là qu’il faut chercher le point de vue moral dans la philosophie allemande. Toute cette théosophie a d’ailleurs fort peu le caractère philosophique. Elle se résout en hypothèses mystiques à peu près indiscutables.

M. Harms est un adversaire de Hegel. Il rend néanmoins justice à ce penseur, bien qu’il expose fort incomplètement son système. Il s’attache à relever les défauts de la dialectique hégélienne. Sa réfutation ne man. que pas de sagacité et de justesse ; il reconnaît le côté vrai de cette dialectique qui a introduit définitivement la notion du devenir dans la philosophie contemporaine. Quant à la morale, on ne peut guère retrouver la thèse de l’éthicisme allemand dans ce système. L’éternelle évolution de l’esprit est l’essence de l’absolu.

« La philosophie de l’absolu dans Hegel ne connaît pas de vrai idéal. L’idéal pour lui, c’est le réel ; le monde, c’est le système des idées développé éternellement par la dialectique. Il n’y a là aucun idéal pratique, aucun idéal moral, » p. 454. — M. Harms aurait pu néanmoins, selon nous, tirer meilleur parti qu’il ne l’a fait de Hegel pour les grandes vues, je ne dis pas morales, mais historiques qui font un des mérites principaux de ses écrits.

IV. Nous dirons peu de chose de la dernière partie de ce livre (la Limitation). Nous aurions cependant plus d’une remarque à faire. D’abord on est étonné de ne pas trouver, parmi les adversaires de ces