Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, III.djvu/553

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
543
ANALYSEScomte. — Lettres à Stuart Mill.

à la démonstration presque spontanée de l’indispensable intervention de la marche déductive. L’esprit de ces deux chapitres décisifs se trouve ensuite très-heureusement reproduit de manière à constituer une impression ineffaçable, dans l’examen spécial des études sociologiques (p. 143)[1]. »

Parmi les renseignements d’ordre philosophique que contient cette correspondance, nous noterons : son appréciation du système de Gall (p. 51 et p. 200), son projet de fonder une Revue positive qui est exposé avec les plus minutieux détails ; des jugements sur M. Lewes, « qui m’a paru un loyal et intéressant jeune homme, quoique encore imparfaitement guéri de la maladie psychologique » (p. 47). Ailleurs (p. 173) il se réjouit d’un travail que M. Lewes vient de lui consacrer et il « espère que ce travail exercera sur lui une réaction salutaire pour engager davantage son intelligence dans la nouvelle philosophie. » Toutefois Comte ne crut pas devoir interrompre son « régime » pour M. Lewes. « Il me suffit, écrit-il à Stuart Mill, que vous soyez satisfait de l’article de M. Lewes… Sans croire devoir le lire, je vous prie d’en faire, expressément, à l’auteur, mes sincères remerciements personnels. »

Cette correspondance commencée sous les auspices d’un ami commun, Armand Marrast, se ralentit assez brusquement et finalement cessa. Privé de sa position officielle, Auguste Comte comptait sur des subsides venus d’Angleterre qui, en effet, lui furent accordés pendant deux ans. Il comptait surtout sur la richesse anglaise pour appuyer la fondation de sa Revue et il montre assez d’aigreur dans ses dernières lettres contre Mill et ses amis, qui accueillirent son projet avec mollesse. Il est regrettable que les lettres de Stuart Mill n’aient pas été livrées en même temps au public. À en juger par ce qu’on a sous les yeux, il semble bien que le ralentissement de la correspondance vint surtout du correspondant anglais. Tel qu’il est, ce recueil forme un complément utile aux deux biographies d’Auguste Comte, écrites par M. Littré et par le Dr Robinet.

Th. R.

Dr Guillaume (de Moissey). Nouveau traité des sensations, 2 vol. in-8o. Paris, Germer Balllière et Cie[2].

Le Nouveau Traité des sensations est conçu d’après un plan

  1. Il s’agit, comme on le voit, de la théorie des quatre méthodes expérimentales, de la logique de la déduction et de son application aux sciences morales. Comte nous apprend que, dès 1844, la traduction de la Logique avait « été confiée à un M. Mallet, professeur de philosophie au collège St-Louis » (p. 215). Il est regrettable que celle traduction ait été retardée de 22 ans : elle aurait probablement influé dès lors sur le mouvement philosophique en France.
  2. Cette analyse de l’ouvrage a été faite par l’auteur lui-même.