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seurs, qui habita surtout notre Périgord jusqu’à la fin de l’âge du renne, n’ait eu déjà malgré la violence de ses mœurs, non-seulement quelque industrie et un trafic assez étendu, mais une organisation sociale au moins rudimentaire, des goûts artistiques, et une certaine religion des morts. — Peu différent selon toute apparence, fut l’état mental et social des races fossiles brachycéphales (races de Furfooz, de Grenelle et de la Truchère), si ce n’est qu’elles semblent avoir été moins bien armées et, en général, « éminemment pacifiques. » Elles rencontrèrent pendant les temps glaciaires les races précédentes, avec lesquelles elles assistèrent ensuite à la grande transformation du sol et du climat qui vint bouleverser toutes ces sociétés naissantes. Toutes ensemble (ou du moins leurs débris) furent enfin rencontrées et absorbées par les hommes de la pierre polie, race nouvelle, dont l’arrivée en Europe précéda encore de bien des siècles l’arrivée des premiers Aryans, si antérieure elle-même aux plus vieilles invasions historiques. « C’est du mélange de tous ces éléments brassés par la guerre, fusionnés par les habitudes de la paix, que sont sorties nos populations européennes. »

Nous pourrions faire remarquer ici quelle immense part revient à l’imagination dans ce tableau des races fossiles et de leurs rapports. Mais nous n’avons garde d’en faire un reproche à l’auteur : les conjectures sont permises en ces matières et nul anthropologiste n’en use avec plus de mesure que lui. Il se fait sans doute moins d’illusions que personne sur la rigueur que comporte ce genre de recherches.

Passant maintenant des races humaines fossiles aux races humaines actuelles, il examine tour à tour les caractères extérieurs, anatomiques, physiologiques et pathologiques qui les distinguent. Ces chapitres fort intéressants, mais tout à fait techniques, valent surtout par le détail et ne sauraient être résumés. Ils apportent, en somme, une série de preuves nouvelles à l’appui de la doctrine monogéniste. Qu’il s’agisse de la taille, des proportions du corps, de la coloration, du système pileux, du crâne, de la face, des muscles, etc., ou bien des caractères physiologiques, comme la gestation, l’âge de la puberté, la durée de la vie, — la conclusion est toujours la même, c’est que « les groupes humains sont des races, fort peu uniformes faute de sélection, et nullement des espèces. » En ce qui concerne les caractères pathologiques, l’immense majorité des maladies est commune à toutes les races humaines ; seulement certaines races sont plus accessibles ou plus réfractaires que d’autres à certaines affections : l’immunité relative de telle race à l’égard de tel fléau est incontestable et s’explique par l’adaptation à un milieu donné ; mais il n’existe aucune immunité

    qu’au-dessous d’une certaine limite, le cerveau humain ne fonctionne plus d’une manière normale. Mais, dit M. Broca lui-même, « il ne peut venir à la pensée d’un homme éclairé de mesurer l’intelligence en mesurant l’encéphale, » pas plus, ajoute M. de Qualrefages, qu’il ne suffit de connaître le volume d’un muscle, pour mesurer son énergie. (Page 304.)