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périodiques. — Philosopische Monatshefte.

se prend dans des sens bien différents. C’est surtout de l’organisme physique de l’homme que Wundt et Helmholtz s’appliquent à déterminer le rôle dans la formation des sensations et des perceptions. Lange veut faire la part à l’organisation psychique autant que physique du sujet. Il ne faut donc pas croire que, en parlant de la spontanéité déployée par le sujet dans l’acte de la connaissance, ces divers auteurs soient d’accord entre eux. Ils ne le sont pas davantage avec Kant, qui attribue au sujet une activité rationnelle, dont le subjectivisme purement empirique de ses prétendus disciples est la négation directe.

F. Jodl : Pensées sur la science sociale de l’avenir, par P. Lilienfeld. Mitau, Behre’s Verlag, 1873-1877.

Cet ouvrage se divise en trois parties. La première traite de la société humaine, envisagée comme un organisme réel ; la seconde expose les lois sociales ; la troisième porte le titre de psychophysique sociale.

La révolution darwinienne s’étend à toutes les branches du savoir. Du Prel a essayé l’application des principes de l’évolution à l’astronomie ; Schleicher, à la science du langage ; Carneri, à l’éthique et à la psychologie ; Tylor, Lubbock, Caspari, à l’histoire primitive de l’humanité ; Hellwald, à l’histoire générale de la culture. Lilienfeld, à son tour, tente d’introduire la théorie nouvelle dans la science sociale ; il s’inspire de Spencer et de Haeckel. L’idée dominante du livre se trouve dans ces lignes : « La société humaine est une association de cellules nerveuses, tout comme le système nerveux du corps humain. Mais les cellules nerveuses qui composent la société sont des individus complets, et par suite elles sont d’une constitution plus riche, d’un développement plus élevé. La différence réside uniquement, d’ailleurs, dans le degré supérieur de finalité, d’intelligence, de liberté. La société est un organisme, comme tout corps animal ; mais elle ne possède que des cellules nerveuses et n’a d’autres tissus que des tissus nerveux. » Toutes les grandes lois que la science nouvelle a découvertes dans la nature reçoivent leur application dans la société : ainsi la loi de la conservation de la force, celle de la réduction de tout changement au mouvement. Toutes les fonctions de la vie se retrouvent en elle : l’accroissement, la génération, la croissance, la floraison, la maladie, la mort, la renaissance.

On retrouve les idées du livre de Lilienfeld, bien qu’avec plus de réserve critique, dans le grand ouvrage de Fr. Schäffle : Bau und Leben des socialen Körpers, 1er  vol., 1875 ; 2e  vol., 1878. On pourrait dire que Lilienfeld a ouvert la voie, mais que Schiiffle, le premier, l’a parcourue dans toute son étendue.

Nous trouvons dans cette même livraison une étude développée et intéressante de Schaarschmidt sur Le pessimisme, par James Sully. Nos lecteurs connaissent cet ouvrage : nous n’avons pas à y revenir.

Une série de courtes notices sur divers ouvrages parus en 1878 occupe la fin du numéro. Nous attendrons des critiques plus étendues pour parler de ces nouveaux livres.