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un volume de trois cents pages de M. Heinrich Spitta, privatdocent à l’université de Tübingue[1] ; un ouvrage encore plus volumineux de M. Paul Radestock[2] ; une brochure de M. C. Binz[3] ; une autre de M. Paul Dupuy, professeur à la faculté de médecine de Bordeaux[4]. Je n’ai sans doute pas épuisé la liste ; et j’en passe peut-être des meilleurs. J’aurais en outre à mentionner des traités de physiologie, de pathologie, etc., où le sommeil est l’objet de chapitres développés et étendus, qui pourraient former un volume séparé. C’est ainsi que M. Maudsley, dans l’ouvrage déjà cité, lui consacre près de cent pages, et que M. Stricker, professeur à l’université de Vienne, a fait suivre ses Leçons sur la pathologie générale et expérimentale[5] d’une espèce de cours de psychologie qui n’occupe pas moins de onze chapitres et qui, tout en ayant pour objectif la définition des maladies mentales, contient nombre de vues neuves et personnelles sur la nature des songes.


Je ne m’arrêterai pas longtemps sur le travail original, mais peu sérieux de M. Serguèyeff. L’auteur commence par établir que le sommeil est une fonction ( ?) essentiellement végétative, car il est nécessaire à tout ce qui vit, et il a pour but de maintenir l’organisme dans son état normal. Il y a donc à découvrir trois choses : 1o l’aliment, objet de la veille et du sommeil ; 2o l’organe ; 3o le mécanisme.

Un aliment n’est pas nécessairement une matière tangible et pondérable ; rien n’empêche de conjecturer que l’objet de la veille et du sommeil est une forme éthérée, sthénique ou dynamique. Qu’entend par là M. Serguèyeff, c’est ce qu’il m’a été impossible de comprendre. Il me fait d’ailleurs l’effet de n’avoir sur l’éther, le mouvement, la force et la matière que des notions confuses et contradictoires.

Quant à l’organe du sommeil, ce doit être probablement le grand sympathique. Car, d’un côté, on ne connaît pas le siège de cette fonction, et, de l’autre, on ne connaît pas la fonction de cet appareil. La conclusion n’est pas de la dernière évidence. Mais l’auteur, et avec raison, ne se contente pas de ce simple argument logique. Il rappelle que la section du grand sympathique donne heu à des phé-

  1. Die Schlaf-und Traumzustände der menschlichen Seele, etc. Tübingen.
  2. Schlaf und Traum, eine physiologisch-psychologische Untersuchung. Leipsig, 1879.
  3. Ueber den Traum. Bonn, 1878.
  4. Étude psycho-physiologique sur le sommeil. Bordeaux, 1879.
  5. Vorlesungen über allgemeine und experimentelle Pathologie. Vienne, 1879. Leçons 21 à 31.