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liard. — théorie de la science et de l’induction

riorité, d’intermédiaire entre l’objet et le sujet pour la sensation, d’intensité, de qualité et de polarité. Nous trouvons ensuite la science analytique de la chimie, dont les fondements senties idées d’affinité, de substance et d’éléments ; puis les sciences de classification analytique, cristallographie, minéralogie, botanique, zoologie systématique et anatomie comparée, avec les idées de symétrie et de ressemblance pour fondements. Les idées d’assimilation, d’irritabilité et de finalité donnent naissance à la biologie ; celles d’instinct, d’émotion et de pensée, à la psychologie, à la suite desquelles se placent les sciences palæiologiques, géologie, glossologie, ethnographie, dont l’âme est l’idée de causalité historique. Enfin, couronnant le tout, le théologie naturelle ou science de la cause première.

II

D’après ce qui précède, on pressent quelle doit être, aux yeux de Whewell, la procédure générale de la science. Ce n’est ni l’observation des faits, ni la construction des conceptions, mais l’application de conceptions claires à des faits bien observés. Un exemple frappant d’induction est la découverte des lois du mouvement des planètes par Képler. Longtemps avant lui, on avait constaté que les planètes se meuvent régulièrement dans les espaces célestes ; mais, soit que les faits eussent été insuffisamment observés, soit qu’on n’eût pas mis la main sur la conception propre à les relier, les lois de leurs mouvements étaient ignorées. Képler les découvre en découvrant que les planètes décrivent des ellipses dont le soleil est un foyer. Qu’y a-t-il dans cette découverte ? Deux facteurs assurément : d’abord des observations précises, puis le choix heureux d’une conception appropriée qui les relie. Mais ni l’un ni l’autre de ces facteurs n’est à lui seul la découverte. Par elle-même, l’observation pouvait, tout au plus, donner quelques-unes des positions successivement occupées par les mobiles célestes ; d’autre part, la conception d’une ellipse n’avait par elle-même rien de commun avec les faits. L’induction de Képler consista à rapprocher et à souder ensemble ses observations et sa conception, à surajouter son idée aux faits, à relier ensemble les divers phénomènes observés, par une conception appropriée. L’induction met donc en œuvre quelque chose de la sensibilité et quelque chose de l’esprit ; en un sens, elle part des faits ; mais, en un autre sens, elle part des idées, ou mieux elle se trouve à la rencontre et à la coïncidence des faits et des idées. Au point de vue purement scientifique, on ne saurait dire qui, de l’observation ou de la con-