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rantie de vérité qui se perdait dans les nues ; pour montrer ce qu’on peut appeler l’objectivation de la pensée, nous faisons appel à une vérification expérimentale, à des faits d’observation psychologique et physiologique : les idées se vérifient en se réalisant elles-mêmes, car elles se réalisent dans la mesure de leur vérité ; c’est ici le succès qui est la meilleure preuve, c’est la force de l’idée qui fait son droit. L’idéal n’est pas une pure chimère si je parviens à lui donner une existence, d’abord dans ma pensée, puis dans mes actions, qui ne sont que ma pensée continuée à travers mes organes et se propageant dans |le monde extérieur. L’idée, étant l’action commencée, est efficace et productrice ; la pensée humaine peut devenir ainsi, au sein du déterminisme et par le moyen du déterminisme même, créatrice d’un monde nouveau. Un disciple de Descartes et de Platon tout ensemble a dit : « Dieu ne pense pas les choses parce qu’elles sont, mais elles sont parce que Dieu les pense ; » c’est à l’homme qu’il faut appliquer cette parole : Je ne pense pas la liberté parce qu’elle est, mais elle est. ou plutôt elle tend à être et à se réaliser progressivement parce que je la pense.

Veuillez agréer, etc.

Alfred Fouillée.
16 octobre 1879