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présupposent l’abstraction, » et l’abstraction suppose une raison présente à elle-même. L’idée générale est là sans doute à l’état virtuel ; mais l’analyse qui en distingue les éléments et la synthèse finale qui les résume n’apparaissent chez l’enfant et chez l’homme primitif qu’à une époque très postérieure. Les racines verbales ont été à l’origine les appellations émotionnelles, interjectives ou imitatives d’images vaguement associées et unifiées, avant de correspondre à des classes, à des groupes d’objets distingués les uns des autres.

Tel est, à grands traits, l’ensemble de cette étude sur l’origine du langage. Ceux que cette question intéresse à juste titre feront bien de se reporter à l’ouvrage même de M. Zaborowski. Cet excellent manuel est une mine de renseignements épars dans trop de livres volumineux pour qu’il soit facile de les réunir ; il est donc appelé à rendre de sérieux services.

Debon.

B. Erdmann. Zur Charakteristik der Philosophie der Gegen wart in Deutschland (La Philosophie du présent en Allemagne). Deutsche Rundschau, nos de juin et juillet 1879.


L’étranger a quelque peine à se reconnaître au milieu de la diversité des opinions philosophiques qui se partagent l’Allemagne contemporaine. Il est heureux pour lui que, de temps en temps, un représentant distingué de l’une de ces tendances multiples entreprenne de mettre quelque ordre au sein de leur confusion. Nous avons eu déjà cette bonne fortune avec M. Wundt, dont les lecteurs de cette Revue n’ont certainement pas oublié l’intéressante communication au journal anglais Mind[1].

Nous n’avons pas un moindre profit à tirer aujourd’hui des deux articles étendus que M. Benno Erdmann a insérés sur le même sujet dans la Deustche Rundschau de juin et juillet derniers.

Il serait curieux de rapprocher ces deux études. Bien que leurs auteurs figurent l’un et l’autre parmi les rédacteurs les plus assidus de la Vierteljahrschrift, organe récent de la philosophie qui s’intitule elle-même scientifique, la nature différente de leurs travaux et de leurs esprits se trahit dans la diversité des impressions qu’ils retirent d’un même spectacle. Qu’il nous suffise de signaler au lecteur qu’il trouvera matière à d’instructives réflexions dans le rapprochement que nous lui conseillons ; et empressons-nous de donner la parole à M. Benno Erdmann.

Si l’on pouvait juger de la valeur des recherches philosophiques par l’intérêt qu’elles inspirent, on aurait le droit de soutenir que la situa-

  1. Voir la Revue philosophique, année 1878, p. 109.