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analyses. — pietro siciliani. La scienza dell'educazione.

qui ne songe à former ni l’homme ni le citoyen ; — sur l’éducation grecque et romaine, qui est surtout politique et nationale et qui a pour idéal le citoyen : — M. Siciliani arrive à la civilisation chrétienne et cherche à en donner la formule. Il lui fait honneur d’une notion nouvelle, « radicalement révolutionnaire », la notion de la « sainte personnalité humaine ». Avec le christianisme donc, l’humanité aurait pour la première fois conçu l’idée d’élever l’homme, l’individu, et la tâche des temps modernes serait de développer cette conception.

Dans son cours, M. Siciliani a dû nécessairement appuyer ces considérations générales sur un grand nombre de faits et d’observations ; dans son livre, le tort de ces grandes généralisations est de paraître un peu vagues, comme jetées en l’air, sans fondement solide.

Sur les doctrines pédagogiques des temps modernes, M. Siciliani ne donne guère plus de détails. Ses jugements sont trop rapides, trop écourtés, pour pouvoir être discutés sérieusement. Il présente au lecteur le sommaire de ses leçons, mais il ne lui apprend pas assez ce qu’il y a dit. On voit seulement qu’il a étudié avec soin, avec une certaine érudition, les pédagogues anglais, allemands, suisses et français, et cette esquise incomplète donne le désir de connaître le tableau lui-même. Espérons que les encouragements qu’il a déjà reçus décideront M. Siciliani à publier intégralement l’ensemble de ses leçons sur l’histoire de la pédagogie.

Quant aux conclusions qu’il tire de ses études historiques, les plus importantes sont celles-ci : 1o Il y a une véritable solidarité entre les progrès de la pédagogie et le développement de la notion philosophique de la personnalité humaine. 2o La pédagogie moderne tend à se débarrasser de plus en plus du joug de l’autorité et à se rapprocher de la science et de la nature.

II. Pédagogie théorique. — Ici, M. Siciliani insiste d’abord sur la nécessité de considérer la pédagogie comme une partie de la sociologie, dont elle est un organe essentiel[1]. L’éducation est un problème social, et ceux qui l’oublient sont « un anachronisme vivant ».

Ce qu’il tient à établir en second lieu, c’est que la pédagogie est une science, une science dérivée il est vrai, qui a pour principes d’une part la physiologie, l’anthropologie, la psychologie et la logique, d’autre part le droit et la morale. Une série de leçons ont été consacrées par le professeur à établir les rapports de ces diverses sciences avec la théorie de l’éducation. M. Siciliani, comme un grand nombre de ses compatriotes qui s inspirent avec une ferveur enthousiaste de la philosophie anglaise contemporaine, ne veut entendre parler que de psychologie positive, de logique positive. « La psychologie positive, dit-il, montre que les fonctions psychiques se forment, se spécifient,

  1. M. Siciliani a déjà développé ses idées sur ce point dans un ouvrage intitulé Darwinismo, socialismo e sociologia moderna, Bologne, 2e édition, 1879. Voyez le chapitre intitulé : La scienza dell' educazione nella societa moderna di frone alla questione sociale.