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LA THÉORIE DU COMIQUE

DANS L’ESTHÉTIQUE ALLEMANDE




La théorie du comique, comme celle du laid[1], n’est parvenue que fort tard à trouver sa place dans la science du beau et en particulier dans l’esthétique allemande. On a été longtemps sans soupçonner même son importance. Mais, une fois posé, le problème a dû attirer l’attention des esthéticiens de toutes les écoles. Chacun d’eux l’a étudié selon son esprit et l’a résolu à sa manière. Peu à peu, à mesure que la science s’est développée et organisée, il a pris des proportions de plus en plus vastes ; ses rapports avec les autres problèmes se sont dévoilés ; ses différentes faces se sont distinguées et tour à tour ont été mises en lumière. Si les solutions diverses qui lui ont été données sont loin d’être à l’abri des objections et ne sauraient être considérées comme définitives, on ne peut nier qu’elles ne constituent un progrès véritable. C’est pour rendre ce progrès visible que nous entreprenons cette étude. Sans nous livrer à une appréciation critique que ne comporte pas cet article, nous voudrions retracer l’histoire de cette question dans ses phases principales au sein des diverses écoles allemandes.

Notre but est de prouver, par un exemple, que cette science, dont beaucoup de bons esprits nient encore l’existence et contestent la possibilité, l’esthétique ou la philosophie de l’art, est plus avancée qu’on ne le croit, et qu’elle a suivi la même loi de développement que les autres parties de la philosophie. Si, en effet, il était historiquement démontré que, sur un problème aussi complexe et aussi délicat, elle n’est pas restée stationnaire, si ce n’est pas en vain qu’elle l’a soulevé et agité, si elle est arrivée à des résultats d’un haut intérêt, d’une certitude en plusieurs points irrécusable, plus contestables dans d’autres, mais suffisants pour en faire espérer et

  1. Voy. l’article Esthétique du Laid, dans la Revue de Septembre 1877.