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g. tarde. — la croyance et le désir

instrument du désir, et, par suite, dans les croyances populaires qu’un moyen d’action, on doit à tout prix produire ou maintenir leur unanimité, condition première de leur efficacité pratique. Une erreur fixe et générale doit être préférée à des vérités variables et particulières. Mais si le savoir, si l’ensemble des certitudes supérieures (je dis supérieures, à cause de la quantité de foi potentielle qu’elles renferment), atteintes par le libre essor de l’esprit dissident, vaut par lui-même et vaut plus que tout, si la récompense suprême de nos longs travaux est l’acquisition d’une expérience désormais inutile, d’un credo personnel et en partie incommunicable, le plus haut intérêt d’un peuple est d’arriver, s’il se peut, dans la personne de chacun de ses membres, à cette fleur terminale de la vie, et d’affranchir la pensée de toute entrave.

G. Tarde.