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h. marion. — le nouveau programme de philosophie

fesseurs pris en dehors du Conseil. Ces commissions compétentes devaient préparer les projets, qui seraient soumis d’abord à la section de permanence, puis après examen proposés par elle au Conseil, lequel les discuterait à son tour dans ses commissions spéciales, pour les voter enfin en séance plénière. Le programme de philosophie a donc passé par toute cette filière. La commission qui l’a élaboré en premier lieu comprenait des membres de l’enseignement supérieur et des membres de l’enseignement secondaire, représentant la Sorbonne, l’École normale, les lycées. De plus, chacun d’eux s’est fait un devoir de prendre l’avis des collègues avec lesquels il avait les rapports les plus habituels.

D’après cette sorte d’enquête, la grande majorité des professeurs de philosophie a paru souhaiter que la nouvelle rédaction du programme, sans supprimer aucune des questions, les coordonnât de manière à mieux marquer la séparation entre les problèmes qui comportent des recherches positives et des solutions scientifiques, et les questions dernières d’un tout autre caractère. En même temps aussi, la plupart ont exprimé le vœu qu’une plus grande place fût faite à la morale, surtout à la morale sociale, et, plus généralement, aux questions d’un intérêt pratique. Certes, personne ne songe à ôter à la philosophie son caractère de suprême curiosité spéculative ; mais il y a comme un désir unanime de montrer que, loin d’être un jeu stérile de la pensée ou tout au plus un exercice de l’esprit critique, elle sert encore à régler la conduite et à former les caractères.

Des avis extrêmes ont été émis, mais sans insistance. Par exemple, quelqu’un demandait qu’il n’y eût point de programme du tout ; mais il a semblé qu’il suffirait d’affirmer une fois pour toutes la liberté du professeur, et que, cela fait, il n’y aurait plus que des avantages, sans inconvénients, à dresser méthodiquement la liste des questions que chaque cours devait comprendre. Le programme, en effet, est utile pour régler l’examen final et pour circonscrire les interrogations destinées à contrôler l’enseignement, autant ou plus que pour diriger l’enseignement lui-même ; il est donc, pour les professeurs des lycées et collèges, une garantie plutôt qu’une gêne. — Cela est si vrai que certains professeurs de collèges, dénonçant comme tout à fait illimité le champ des questions posées au baccalauréat, demandaient expressément à être protégés par un programme, aussi long, aussi détaillé qu’on voudrait, pourvu qu’il fût bien déterminé et rigoureusement respecté par les professeurs de facultés. Un d’entre eux poussait la modestie jusqu’à demander que ce programme fixât non seulement l’ordre des questions, mais, sur chaque question, le nombre et le