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auteurs seulement et des morceaux très courts de chacun d’eux ; mais on les expliquera tout de bon. Et pour qu’il fût bien entendu que des analyses ne suffiraient plus, pour ôter jusqu’à la tentation de s’en contenter, on n’a maintenu de l’ancien programme que le Discours de la méthode, se faisant une loi de renouveler tout le reste. Il est des auteurs, comme Epictète, auxquels on n’a pas renoncé sans regret, mais il fallait à tout prix rompre la routine. Le De vita beata de Sénèque, qui est très court et que les humanistes déclarent écrit dans la plus belle langue, offrira sous une autre forme cette même morale stoïcienne, qui doit toujours avoir sa place dans l’éducation libérale. En somme, le Discours de la méthode et la Monadologie, Cicéron, 1er livre du De legibus, et Sénèque,De vita beata, un livre de l’Éthique à Nicomaque et un livre nouveau de la République, voilà les textes prescrits désormais pour la classe de philosophie comme pour l’examen qui la termine.

Afin que le professeur ait le temps de les faire expliquer comme il convient, il a été décidé en principe qu’on lui donnerait à cet effet une conférence d’une heure par semaine, et que cette heure, au lieu d’être pour lui un surcroît d’occupation, ne serait autre que celle qu’il consacre actuellement aux élèves de mathématiques élémentaires. Les délégués de la philosophie n’ont été contredits par personne, quand ils ont affirmé que cette heure était comme perdue dans le régime actuel. En effet, quelque conscience qu’on y mette de part et d’autre, il est impossible au professeur de faire un cours complet en si peu de temps, plus impossible encore aux élèves, tout absorbés par leurs études scientifiques, de ne pas regarder un tel cours comme absolument accessoire. Si donc on est unanime à vouloir que les élèves de sciences reçoivent tous une culture philosophique, personne assurément ne saurait prétendre que ce soit là un moyen de la leur donner. Les représentants des sciences dans le Conseil demandent d’une seule voix qu’on n’aborde l’enseignement purement scientifique qu’après des études littéraires complètes, proclamant que, sauf de rares exceptions, les élèves qui retirent sans comparaison le plus de fruit des classes de sciences sont ceux qui viennent de philosophie. Que pourra-t-on faire en ce sens ? C’est ce qu’il faudra voir dans une session ultérieure, quand on s’occupera des examens scientifiques, de la limite d’âge fixée pour les écoles spéciales, des moyens de raccorder les classes de sciences avec les études classiques proprement dites. En attendant, et tant que le baccalauréat ès-sciences subsistera tel qu’il est, avec une interrogation sur la philosophie, on sera forcé de s’en tenir au règlement actuel. Mais, je le répète, la conférence de philosophie aux