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analyses. — luigi ferri. Sulla dottrina dell'associazione.

spiritualiste ? Ce fait ne vient-il pas infirmer la division générale de M. Ferri ? Ce sont des questions que nous lui soumettons. Il remarque lui-même, et ce serait sans doute sa réponse, que quand des philosophes invoquent pour expliquer les rapports de nos idées l’unité de l’âme comme principe transcendant, quelque part qu’ils fassent d’ailleurs à l’expérience dans le développement de la pensée, ils cessent d’appartenir au même groupe que les associationnistes, dont le but commun est de faire dériver l’esprit lui-même, dans ses formes natives, de l’expérience, soit individuelle soit spécifique. Toute doctrine de la synthèse à priori est hostile aux tendances qui ont prévalu dans l’École anglaise. Rosmini donc, pas plus que Kant, n’a de place marquée dans la philosophie de l’association ; autrement tous les philosophes et tous les systèmes devraient y figurer ; cette réflexion est juste ; mais elle clôt un peu tardivement deux chapitres sur Hamilton et Rosmini : s’ils ne font pas partie des écoles associationnistes, ils ne devaient pas figurer dans leur histoire. Allons plus loin : la même réflexion eût dû détourner l’auteur du mémoire d’y faire figurer Herbart. Ces divers chapitres consacrés à des auteurs qui ne sont même pas les adversaires directs des associationnistes anglais, et qui dans leur opposition latente aux principes de l’association partent de points de vue différents comme ils appartiennent à des milieux fort dissemblables, éloignent un peu trop longtemps le lecteur du centre de cette étude. Ici, l’intérêt de la composition se disperse et s’affaiblit ; l’éparpillement des faits y est bien pour quelque chose ; mais peut-être était-il nécessaire de prendre un parti quant au choix de ces faits mêmes et de s’en tenir à l’École anglaise. Il n’y a pas d’histoire possible en fait de doctrines quand on ne peut montrer leur genèse et leur filiation : une série d’analyses séparées, chacune précédée d’un nom, ne comporte que des transitions artificielles et sort des conditions d’une histoire véritable.

Pour qui lit une histoire de la philosophie de l’association, l’intérêt, une fois que l’on a assisté au premier et brillant essor de la doctrine avec Hume et Hartley, est de savoir comment, après cette éclipse d’un quart de siècle (dont il serait bon de rechercher les causes), elle se relève et jette une lumière plus vive. Les réflexions de M. Ferri sur Condillac et sur Bonnet ne répondent pas à cette attente, et même quand on arrive à James Mill, qui ouvre la période organique de la philosophie anglaise, la curiosité n’est pas pleinement satisfaite, parce qu’on ne sait pas d’où vient Mill, dans quel milieu il a puisé sa manière de penser, quelles traditions immédiates il continue. Une série d’analyses, si exactes et ingénieuses qu’elles soient, ne fait pas une histoire, pas plus qu’une suite de tableaux ne fait un drame.

Hâtons-nous de dire que toute cette troisième partie est pleine d’expositions et de discussions également attrayantes, que l’ouvrage prend corps définitivement à cet endroit, que l’auteur enfin s’y montre à la hauteur d’une tâche vraiment difficile. Nous ne pouvons le suivre dans chacune de ses savantes dissertations sur les deux Mill, sur