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merce avec eux. Ce jugement se trouve conforme à celui qu’a exprimé devant moi un fonctionnaire civil de l’Inde au sujet d’autres tribus montagnardes, jadis bien connues pour leur véracité, mais que leur contact avec les blancs a rendues moins véridiques. Le mensonge est si rare chez les peuples aborigènes de l’Inde que les civilisés n’ont point encore corrompus, que Hunter distingue, entre toutes des tribus du Bengale, les Tipperas comme « la seule où ce vice se rencontre ».

De même, pour l’honnêteté, il est des peuples dits inférieurs qui en remontrent à ceux qui passent pour supérieurs. Si dégradés et ignorants que soient à quelques égards les Todas dont nous venons de parler, Harkness nous dit « qu’il n’a jamais vu un peuple, civilisé ou sauvage, qui parût avoir un respect plus religieux pour les droits du mien et du tien. » Les Marias (Gonds) « présentent comme plusieurs autres races sauvages un caractère singulier de véracité et d’honnêteté. » Chez les Khonds, « nier une dette est une violation de ce principe, tenue pour un acte extrêmement coupable. Il faut, disent-ils, tout abandonner à ses créanciers. » Le Santal, qui « ne pense jamais à tirer de l’argent d’un étranger », préfère « ne point traiter affaire avec ses hôtes ; mais quand ceux-ci abordent la question, il traite avec eux avec autant d’honnêteté qu’il le ferait avec un homme de sa tribu… il dit tout de suite le véritable prix de l’objet. » Les Lepchas « sont merveilleusement honnêtes ; le vol est rare chez eux. Enfin les Bodos et Dhimals sont « honnêtes et véridiques en actes et en paroles ». Le colonel Dickson s’étend sur la « fidélité, la véracité et l’honnêteté » des indigènes du Carnate, qui témoignent « d’un dévouement extrême et presque touchant quand on se fie à leur honneur ». Enfin Hunter dit que, chez les Chacmas, « le crime est rare… le vol presque inconnu. »

Il en est de même aussi des vertus générales de ces tribus et de quelques autres peuples sauvages. Le Santal « possède une disposition heureuse », « il est sociable à l’excès », « courtois », mais « ferme et exempt de servilité » ; et, quoique les « deux sexes recherchent passionnément la société l’un de l’autre », les femmes sont « extrêmement chastes ». Les Bodos et Dhimals sont « pleins d’aimables qualités et presque entièrement dépourvus de celles qui ne le sont pas ». Le Lepcha, joyeux, aimable et patient, » est, selon le docteur Hooker, un très « attrayant compagnon » ; enfin le Dr Campbell rapporte un exemple « de l’effet qu’un profond sentiment du devoir peut produire sur ce sauvage ». On peut aussi citer des faits tirés de récits sur certains peuples malayo-polynésiens et papous, qui montrent sous une vivre lumière des traits de caractère que nous n’associons d’ordinaire