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périodiques. — Zeitschrift fuer Philosophie.

faire passer la vérité pour ainsi dire sous le manteau de l’erreur ; il gardait tant déménagements de toutes sortes, qu’il y fût forcé ou non ; et ses écrits nous sont parvenus dans un tel état : qu’on est facilement exposé à ne pas le comprendre même avec la meilleure volonté du monde, et simplement par prévention ou par étroitesse de jugement, et qu’il est encore infiniment plus facile de lui prêter malicieusement des contradictions. » Essayons néanmoins de décrire ses tentatives pour mettre d’accord en premier lieu la philosophie et la religion chrétienne, ensuite le catholicisme et le protestantisme.

La philosophie de Leibniz, comme celle de Platon, entreprend de faire revivre et de réconcilier dans l’unité d’une doctrine supérieure les grandes doctrines du passé. Il ne « se jette pas, comme il reproche aux autres, sur les pensées hyperboliques, » en abandonnant « ce qui est plus simple et en même temps plus solide ». Il n’emprunte aux anciens que ce qui est « le plus propre à l’usage et le plus conforme au goût de notre siècle ».

Qu’est la religion dans la philosophie, qu’il construit ainsi des éléments les plus divers ? C’est, comme pour la doctrine platonicienne, la conscience du divin dans l’homme. « Le même Dieu, qui est la somme de tous biens, est aussi le principe de toutes les connaissances. » L’infini est présent, d’une manière confuse assurément, à toutes les monades ; il est le moteur et la fin de toute activité : c’est lui que les monades poursuivent également, aux degrés infiniment divers de leur appétit et de leur perception. Dominé par cette pensée, on comprend qu’il ne lui ait pas été malaisé de s’intéresser aux formes diverses sous lesquelles les religions positives traduisent cet essentiel besoin de lame humaine, et que son amour de l’humanité et son patriotisme lui aient fait un devoir de réconcilier entre eux des esprits qu’il voyait unis dans la poursuite d’une même fin et séparés seulement sur le choix des moyens.

Friese : Voix du royaume des esprits. Leipzig, Mutze, 1879.

Le professeur Fr. Hoffmann, l’admirateur et le disciple connu de Baader, partage entièrement la foi de Friese dans l’authenticité et la haute significations des manifestations attribuées aux esprits. Aux expériences célèbres que Zöllner, que Fechner eux-mêmes n’ont pas hésité à raconter au public, Friese joint les siennes avec une égale confiance. Il y voit la preuve indiscutable non seulement de l’existence des esprits et de l’immortalité des âmes, mais encore la démonstration évidente du commerce que les morts continuent d’entretenir avec les vivants. Il se hasarde même à vouloir pénétrer le secret de cette existence supra-sensible et à en déterminer la nature et les conditions, i Les pas de géant qu’a faits la connaissance des forces naturelles, dit quelque part Friese, ont banni des esprits la crainte du diable et de sa puissance imaginaire… ; mais on a cru que toutes les expériences et les découvertes merveilleuses qui s’accumulaient rapprochaient davantage l’homme des derniers principes de la réalité ; on a cru découvrir dans les étonnantes et incompréhensibles propriétés de la matière l’es-