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périodiques. — Zeitschrift fuer Philosophie.

étourdissant des paroles : le critique allemand ne paraît pas découvrir autre chose dans l’œuvre du philosophe français. « Les travaux contemporains de l’Allemagne sur la philosophie du droit sont presque totalement ignorés de Fouillée… Il parle de la science allemande comme un aveugle des couleurs… En dehors de Hegel, il ne connaît que Strauss, Schopenhauer, Hartmann et V. Kirchmann… mais il n’en parle évidemment que sur la foi de traductions ou d’articles de journaux… Encore ne se donne-t-il même pas la peine de bien entendre ce qu’il a lu et prête-t-il à Hartmann des vues qui sont le contraire de sa pensée. L’incroyable erreur qui fait du déterminisme, du fatalisme la philosophie particulière de l’Allemagne depuis Luther et la Réformation se trouvait déjà dans l’écrit précédent du même auteur sur la liberté et le déterminisme. » Ne voir dans Hegel que la doctrine du droit de la force et la justification des brutalités commises par ses compatriotes dans la dernière guerre, c’est « s’exclure soi-même du nombre des écrivains sérieux ».

On avouera que, si Lasson a quelque droit d’accuser la critique passionnée de Fouillée, il n’hésite pas à lui rendre la pareille à l’occasion.

Alexander Jung : Article nécrologique sur Emmanuel-Hermann de Fichte. Après avoir subi tour à tour l’ascendant de Leibniz, de Fichte, de Hegel, de Schelling, de Herbart et de Baader, l’auteur de cet article nous déclare solennellement qu’il n’a trouvé que dans la philosophie du second Fichte la doctrine qui répond à tous les besoins de son intelligence et de son cœur. C’est qu’elle comprend dans une synthèse supérieure les idées durables des autres grands maîtres ; et qu’elle fait mieux qu’aucun d’eux leur part légitime aux découvertes de la science moderne. Né en 1796, Hermann Fichte ressentit profondément dès ses premières années l’influence de la piété maternelle. Encore enfant, il fut témoin de l’enthousiasme patriotique qui accueillit à Berlin les généreuses leçons de son père. Tour à tour, pendant quatorze années, professeur aux gymnases de Saarbruck et de Dusseldorf, puis successivement professeur aux Universités de Bonn et de Tubingue, il sut mettre à profit ces milieux différents pour préciser et étendre ses connaissances esthétiques, scientifiques et théologiques, en même temps qu’il mûrissait et approfondissait ses idées philosophiques. Ses principaux écrits portent tous l’irrécusable témoignage de la largeur et de l’infatigable curiosité de son esprit ; citons seulement parmi les plus remarquables, parmi ceux dont l’apparition produisit le plus d’effet et dont l’action n’est pas près d’être épuisée, ses Essais d’une caractéristique de la philosophie moderne, 1829 ; 2e éd., 1841 ; Idée de la personnalité et de l’immortalité individuelle, 1834 ; 2e éd., 1856. ; l’Anthropologie ; 1er éd., 1856 ; 3e 1876 ; l’Éthique, 1850 ; La philosophie du théisme et sa justification, 1873. Il est curieux que le jeune Fichte ait connu et embrassé la doctrine de Hegel avant d’avoir étudié celle même de son père. Du reste, il se détacha successivement de Hegel, comme de Schelling, sans cesser de rendre hommage à leur