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suite, elles forment des groupes différents, des séries irréductibles les unes aux autres. Ainsi les notions de la pensée, de la connaissance ne peuvent pas être ramenées aux notions de l’étendue et du mouvement ; de même, celles-ci ne peuvent s’identifier, par l’analyse, avec les notions de la pensée. Le critérium de la certitude, clarté et distinction, assure l’unité de la méthode dans toutes les sciences et garantit la diversité fondamentale des sciences.


Tels sont les procédés généraux de la méthode cartésienne. Il nous faut maintenant les étudier de plus près sur des questions particulières, et voir s’ils ne se complètent pas par des procédés auxiliaires.

Toute recherche est précédée d’une question. Ainsi, en géométrie, on demande de multiplier une droite donnée par une autre droite ; en physique, on demande d’expliquer le phénomène de l’arc-en-ciel. — Toute question doit contenir quelque chose d’inconnu[1]. Dans les questions précédentes, l’inconnu est, ici, le produit des deux droites données, et, là, la raison pour laquelle nous voyons en certaines circonstances les couleurs du prisme s’étaler en arc dans le ciel. Cet inconnu doit être donné en relation avec quelque chose de connu ; autrement il serait impossible de le déterminer[2] ; ainsi nous savons que la droite cherchée doit être à l’une des droites données ce que l’autre est à l’unité ; nous savons de même que l’arc-en-ciel se produit lorsque des gouttes d’eau, suspendues dans l’atmosphère, sont frappées par les rayons du soleil.

La question une fois comprise, il faut la dégager de tous les éléments étrangers, qui ne sauraient concourir à la résoudre et la ramener, par division, à une question plus simple. Dans certains cas, cette réduction est aisée. Ainsi, dans l’exemple de géométrie que nous avons pris, multiplier une droite donnée par une autre droite donnée revient à construire une troisième droite qui soit à l’une des droites données ce que l’autre est à l’unité. D’autres fois, l’élimination des circonstances indifférentes est plus difficile : ainsi dans le cas de l’arc-en-ciel. Bien des causes peuvent contribuer à ce fait : la courbure superficielle des gouttes d’eau, leur composition interne, les réflexions et les réfractions qu’elles font subir aux rayons lumineux reçus par elles. L’examen séparé de chacune de ces circonstances permettra d’éliminer celles qui ne concourent pas à la production du phénomène et en mettra à nu la véritable raison. On

  1. Regul., Reg. 13.
  2. Regul., Reg. 13.