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cela est disséminé dans le livre, mais chaque fois amené tout naturellement par ce qui précède.

« J’ai blanchi, dit quelque part le professeur, en enseignant et en faisant passer des examens. » Aussi, avec sa longue expérience, les conseils d’un tel homme aux pédagogues, ne peuvent-ils être que précieux, et il ne les leur ménage pas.

Il va jusqu’à s’occuper des abécédaires et des livres de lecture pour le premier âge, en souvenir de ses premières années. Il proscrit les cours de calligraphie, qui ne sont pas faits par les professeurs de la classe, mais par des maîtres spéciaux chez lesquels toutes les divisions sont réunies et qui manquent de l’autorité nécessaire pour maintenir la discipline.

On commençait les classes par des exercices religieux, des chants même ; il réservait ces exercices au seul dimanche, les renvoyant à l’église’; car dans la semaine l’élève, préoccupé de ses leçons, de ses devoirs, « des verbes irréguliers, des montagnes de l’Asie ou de l’égalité des triangles, » n’y apporte qu’un esprit distrait, qui bannit le sentiment religieux.

Il trouve mauvais qu’au pedagogium, disons au collège, on fasse apprendre l’Evangile dans le texte grec, ce grec étant trop différent de celui des auteurs classiques qu’on explique simultanément. Il voudrait voir mettre entre les mains des élèves les classiques sous la forme la plus simple. Que le professeur connaisse les diverses leçons, les diverses interprétations, les conjectures, rien de mieux ; mais pour les élèves cet appareil critique est un luxe funeste. « J’avais le Virgile de Heyne… La lecture des arguments, des animadversiones, des excursus ne faisait que distraire mon attention et me faisait oublier l’auteur. Dans le Platon de Schaefer, les scholies m’empêchaient d’étudier réellement le texte ; je n’y ai rien compris au gymnase, à cause des scholies ; et je comprenais les explications de notre professeur Koch encore moins que ces dernières » (disons, pour l’excuser, que le pauvre homme était malade ; il faisait sa classe dans sa chambre). On a tort de vouloir tout expliquer et de ne plus laisser aucune initiative à l’élève ; enfin il relève la trivialité de beaucoup de ces annotations. Nous ajoutons, nous, que souvent les notes expliquent ce qui se comprend aisément et passent à côté de difficultés sérieuses.

Si le maître Henning passait l’heure de la classe d’hébreu à déblatérer contre ses collègues, il n’est que juste d’entendre traiter cela de péché pédagogique. C’est ainsi qu’à l’université le célèbre Bernhardy dégoûta Rosenkranz de son cours, où le bon Hérodote était oublié et où tout le temps se passait à récriminer contre Sehweighäuser.

On dirait que les questions philosophiques ont occupé Rosenkranz dès l’âge le plus tendre ; on pourrait l’y croire prédestiné, s’il n’était pas plus probable qu’à l’âge où il a écrit ce livre, avec sa science philosophique d’alors, il a peut-être à son insu un peu amplifié les im-