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espinas. — le sens de la couleur

de l’insecte. Son originalité, qui, même ici, ne peut être contestée, consiste dans le caractère d’achèvement et de précision qu’il a donné à la théorie, appuyée, grâce à lui, d’abondantes preuves. Puis, transportant la vue de Spencer sur les rapports des insectes avec les fleurs aux rapports des oiseaux et des mammifères avec les fruits, il l’a généralisée et a transformé en une loi de la nature applicable à toute la série zoologique une observation restreinte jusqu’alors aux invertébrés. C’est ainsi qu’il s’est élevé à cette conception fondamentale que, partout où apparaît un groupe zoologique brillamment coloré, il doit cet attribut à une relation directe ou indirecte avec les parties colorées du règne végétal. Il ne lui restait plus qu’à rattacher à cette conception le sens de la couleur chez l’homme, vestige héréditaire, selon lui, du genre de vie de nos ancêtres frugivores. On voit quelle est la part d’invention propre à M G. Allen dans la formation de l’ensemble d’idées que nous avons présenté précédemment ; les théories de détail sont en grande partie son œuvre ; mais ce qui lui appartient tout entier, c’est le lien systématique qui les unit, c’est cette généralisation hardie, qui font de son livre une véritable philosophie de la couleur dans tout le monde organisé.

Les livres ont leurs destinées. Pendant que M. Allen achevait le sien, paraissait le bel ouvrage de M. Wallace sur la Nature tropicale. Une étude sur la coloration des animaux des tropiques en était précisément le principal objet, et, comme cette étude présentait des résultats fort différents de ceux auxquels aboutissait notre auteur, il lui fallut remanier plusieurs de ses chapitres pour y répondre à des objections anticipées, d’abord, pour y critiquer ensuite les opinions de son illustre adversaire, pour profiter enfin de la nouvelle provision de faits jetée par lui dans la discussion. Ces deux ouvrages nous offrent donc, avec les travaux de MM. Magnus et Gladstone, déjà mentionnés, l’occasion d’un résumé à peu près complet, bien que nécessairement rapide, sur l’état de la question dans le seul milieu scientifique où elle ait été agitée, l’école évolutionniste. C’est ce résumé que nous allons tenter, sans oublier que l’examen des théories du jeune et brillant esthéticien, disciple de Spencer, est le but dernier de cet essai.

II


La coloration des tissus se rencontre dans les êtres organisés en connexion générale et constante avec quatre ordres de faits : 1° l’intensité et la durée de la lumière ; 2° la quantité et la qualité de la