Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/220

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


ANALYSES ET COMPTES-RENDUS


Barthélémy Saint-Hilaire. De la métaphysique, sa nature et ses droits dans ses rapports avec la religion et avec la science, pour servir d’introduction a la Métaphysique d’Aristote. (Germer Baillière. 1 vol. in-18. Bibliothèque de philosophie contemporaine, 1879.)

La question que ce titre annonce est de celles sur lesquelles beaucoup d’esprits, sans être spécialement adonnés aux études philosophiques, croient devoir et croient pouvoir se faire une opinion. C’est une bonne fortune pour eux, quand un homme grave veut bien leur présenter la sienne, entourée d’arguments faciles à saisir, recommandée de son autorité. Le petit livre de M. Barthélémy Saint-Hilaire a ce mérite et cet avantage. On comprend aussi que par le ton général, j’allais dire par l’accent du style, par l’attitude prise en face des idées et en face des hommes, enfin par la nature des raisons invoquées, ce travail ne ressemble pas beaucoup, dans son ensemble, à ceux dont la Revue philosophique entretient habituellement ses lecteurs. Pourvu qu’on n’y cherche pas ce que M. Barthélémy Saint-Hilaire n’y a pas voulu mettre (il en coûte parfois, nous l’avouons, de s’y résigner), on y trouvera ce que le nom seul de l’auteur doit faire attendre, une grande générosité de sentiments et de doctrine, et, dans les choses qui ne relèvent pas du raisonnement pur, cette justesse élevée et délicate que donne à quelques-uns la longue expérience des hommes et de soi-même. Sans doute le lecteur assez philosophe pour entreprendre la lecture de la Métaphysique d’Aristote ne s’y trouvera pas très préparé par ce petit livre ; quant aux simples amis de la philosophie, se laisseront-ils séduire à cette rude besogne ? Lors même qu’il ne faudrait guère l’espérer, M. Barthélémy Saint-Hilaire n’aurait encore pas perdu son temps en écrivant pour eux ces pages, en leur apprenant les questions traitées par Aristote dans sa Métaphysique et les solutions qu’il y donne, en leur disant aussi tout le bien qu’il pense et qu’il faut penser de la philosophie en général, mais en particulier de la philosophie française, cartésienne, la plus claire, la plus modérée, la plus sage et la plus pratique de toutes. M. Barthélémy Saint-Hilaire l’appelle la splendeur cartésienne. Cette splendeur, nulle autre ne la peut dépasser, et, chez nous du moins, elle ne doit plus s’éteindre. Car « nous sommes, en philosophie, d’une sagesse exemplaire, » bien pro-