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analyses. — h. girard. La philosophie scientifique.

l’usage, qui est passablement flottant. Si l’on dit : « une loi chimique, un principe d’économie politique, » on dit au contraire : « les principes de la dynamique, les lois historiques. » En général, on donne simplement le nom de principes à des lois naturelles ou sociales que l’on considère comme fondamentales.

La deuxième partie du livre est consacrée à la méthode.

Toutes les sciences sont soumises sous ce rapport à deux lois fondamentales, qui répondent aux deux questions suivantes : Comment l’homme peut-il acquérir la connaissance d’un objectif ? Un objectif étant donné, que peut-on en connaître ?

La première de ces lois est que toute connaissance immédiate nous vient par les sens ; la seconde, que l’univers ne nous est connu que par ses manifestations, ou autrement que la question du substratum des choses est absurde en soi, cette notion du substratum étant une conception purement subjective.

Parmi les moyens de connaître médiatement, M. Girard s’étend en particulier sur les règles de la critique historique, dont il fait ressortir l’importance prédominante dans l’étude des sciences sociales, et sur l’essence de la démonstration.

Si nous nous rappelons qu’il a classé les mathématiques dans le groupe des sciences naturelles, nous ne nous étonnerons pas de le voir comparer la démonstration à une expérience. Si cette expérience peut se reproduire à chaque instant avec la plus grande facilité, si elle s’exerce sur des faits simples dont la connaissance est absolue, elle n’en peut pas moins conduire à l’erreur, comme les expériences physiques, toutes les fois que l’on ne s’entoure pas des précautions nécessaires. C’est donc à tort que l’on donne le nom de sciences de raisonnement aux mathématiques, car on raisonne tout autant dans les autres sciences, et la justesse des raisonnements y est même en général plus difficile et plus digne d’admiration.

Je signalerai également dans cette seconde partie une vive critique, dirigée contre l’introduction d’hypothèses métaphysiques (c’est-à-dire non vérifiables) dans la science. Cette critique, qui s’adresse surtout à des théories physiques bien connues, comme celles de l’éther, etc. » quoique juste au fond, est empreinte dans la forme d’une certaine exagération. Faut-il vraiment bannir de la science la question : Comment concevoir ? comme on en a banni la question du : Pourquoi ? et la recherche des causes finales ? Si, sur le second point, l’histoire des sciences ne dément pas la célèbre phrase de Bacon, elle prouverait facilement, sur le premier, que l’introduction, pour des raisons purement métaphysiques, d’hypothèses dont les unes se sont trouvées vraies, les autres fausses, a été la cause régulière du progrès. Il ne faut pas se figurer qu’il y ait un critérium absolu de ce qui est vérifiable et de ce qui ne l’est pas. Tel système échappe à tout contrôle immédiat ; on en déduira rigoureusement telle conséquence qui sera soumise à l’expérience. Si d’ailleurs on se propose, dans le choix d’une