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périodiques.The journal of spéculative philosophy.

Notre conscience de l’espace n’est autre chose que celle de l’absence de la matière. Quand nous faisons effort pour évoquer l’idée d’espace, nous constatons que cet effort consiste simplement à écarter toute idée de matière. Une affirmation et une négation se limitent réciproquement : la lumière commence où l’obscurité finit. Il en est de même pour l’espace et la matière. L’étendue qui est affirmable des deux n’est pas à proprement parler un attribut de l’un et de l’autre : c’est plutôt le rapport de l’un à l’autre, l’étendue de l’espace étant définie par ses limites matérielles, et l’étendue de la matière par ses limites d’espace.

Des considérations analogues sont applicables au temps. Le temps commence où l’esprit cesse et cesse où l’esprit commence, et, de môme que l’étendue est la limitation de l’espace par la matière, de même la durée est la limitation de l’esprit par le temps.

Quant à la coexistence et à la succession, qui impliquent l’une et l’autre l’idée d’une solution de continuité, on peut les définir : la coexistence, une alternance de matière étendue et d’espace étendu ; la succession, une alternance de durée de l’esprit avec la durée du temps.

Une affirmation et une négation s’expliquent réciproquement. Il en est ainsi dans le cas actuel. Nous ne connaissons la matière que par l’espace, et l’absence de tous les attributs de la matière laisse dans la conscience l’espace comme résidu. L’oblitération de la durée consciente (esprit) laisse la durée inconsciente ou le temps.

La vie mentale consiste dans une alternance continuelle d’états de conscience et d’états inconscients. Ce qui constitue l’esprit, c’est une sorte d’ondulation ou de pulsation. Tout ce qu’on peut dire pour le présent, c’est qu’il y a une pulsation ou vibration des molécules du cerveau à laquelle correspond la conscience. Quand nous avons interrompu ce rhythme en faisant effort pour retenir longtemps un état de conscience, qu’arrive-t-il ? Essayons de fixer du regard un objet et de maintenir cet état de conscience sans interruption : en dépit de nos efforts, notre conscience s’en éloigne et y revient. Si nous voulons persister, il en résulte une confusion de l’esprit et de la vision. L’état de conscience le plus simple dont nous soyons capables contient donc deux éléments, son affirmation et sa négation ; et comme tous les autres états de conscience, même les plus complexes, sont des agrégats de ces états simples et doivent en conserver les caractères, on doit dire que l’affirmation et la négation sont les deux éléments essentiels de toute vie mentale.

Meeds Tuthill. La matière et la méthode de la pensée (2e article), dont nous ne voyons rien d’utile à extraire.

Longue polémique entre le prof. Caird et M. J. Hutchinson Stirling sur un point de la philosophie de Kant : La déduction transcendentale des catégories. Cette polémique, qui dégénère parfois en attaques personnelles, ne tient pas beaucoup plus de 100 pages compactes.

Les articles traduits consistent en : Hegel : L’art romantique ; Kant,