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L’INFINI ACTUEL
EST-IL CONTRADICTOIRE ?
RÉPONSE DE M. LOTZE À M. RENOUVIER.[1]



M. Renouvier a consacré trois articles de la Critique philosophique (1880, nos 3, 4 et 5) à l’examen de quelques remarques que j’avais faites dans mon essai de Métaphysique (Leipzig, 1879) sur l’infinité de l’espace et du temps. J’aurai à signaler quelques fautes qui se sont glissées dans la traduction des passages de mon livre que M. Renouvier a cités ; mais ce que je déplore bien davantage, c’est que, sur la principale question qui fait l’objet du débat, M. Renouvier ait peu développé ses propres idées et encore moins saisi les miennes.

Dans son premier article (p. 36), il proteste énergiquement « contre l’habitude qui s’est établie de prêter à Kant cette affirmation que l’espace n’a qu’une existence subjective, sans ajouter, comme il le fait lui-même, que l’espace a une réalité empirique, une valeur objective. » Je ne vois pas bien à qui M. Renouvier adresse cette remarque, dont la justesse ne me paraît ignorée ni contestée par personne ; je n’en avais pas moins été ravi de la rencontrer ici dès le début, et je m’étais imaginé, en lisant ce passage, que ce philosophe

  1. J’avais communiqué à M. Renouvier la traduction de quelques passages du livre de M. Lotze, relativement à une question souvent traitée, et avec la plus grande force, dans la Critique philosophique. Deux ou trois malentendus, excusables peut-être, si l’on songe à la difficulté de bien comprendre des fragments détachés de l’ouvrage même le mieux écrit, ont empêché M. Renouvier de bien saisir la pensée du philosophe allemand. J’en suis responsable, et je regrette de n’avoir pas soumis ma traduction à l’auteur, qui avait bien voulu revoir celle que j’ai publiée des Principes généraux de psychologie physiologique. M. Lotze m’a cependant chargé d’être, dans la Revue philosophique, l’éditeur de sa réponse à M. Renouvier. Toute correction faite, le dissentiment entre l’éminent professeur de Gœttingue et le directeur de la Critique philosophique n’est peut-être que plus profond encore. Mais si M. Renouvier consent, comme je l’espère, à répliquer, j’estime que le débat entre ces deux grands penseurs sur l’une des questions les plus importantes de la métaphysique sera bien accueilli des lecteurs de la Revue.                                                                                A. P.