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CONSIDÉRATIONS

SUR LA

PHILOSOPHIE CHIMIQUE



Jusqu’ici, la physique a eu le privilège de prêter plutôt que la chimie aux considérations philosophiques. Peut-être cette différence n’est-elle pas complètement justifiée. La physique est l’étude des forces naturelles, tandis que la chimie est l’étude du substratum de ces forces, c’est-à-dire de la matière. La physique et la chimie sont donc dans une dépendance mutuelle, et, de fait, les travaux récents tendent à démontrer que la chimie est réellement ce qu’elle était à l’origine[1], une branche de la physique générale.

Nous essayerons de montrer, dans un aperçu rapide, la portée philosophique des questions que traite la chimie. Nous envisagerons d’abord la matière en général, considérée au point de vue chimique, en second lieu les combinaisons des corps matériels entre eux, et enfin les lois qui régissent ces combinaisons.

I. — Constitution de la matière.

En faisant abstraction de toutes les définitions physiques ou métaphysiques qu’on pourrait donner de la matière, on peut dire qu’au point de vue purement chimique la matière est tout ce qui obéit à la pesanteur, c’est-à-dire à un cas particulier de l’attraction. Il suit de là que l’éther, dont on admet l’existence dans les espaces interplanétaires et intermoléculaires, n’est pas une espèce de matière qui soit du ressort de la chimie.

La matière par elle-même ne fait pas d’impression sur nos sens.

  1. Les termes de physicien chymiste et de chymie physique étaient généralement employés aux xviie et xviiie siecles.