Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/689

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
679
ANALYSES. — t. mamiani.La religione dell’avvenire.

ce livre, ainsi que nous l’avons fait précédemment pour celui de M. de Hartmann. Il ne faut pas, en effet, se borner à discuter les religions par le côté négatif, en se plaçant de prime abord dans l’hypothèse que personne n’y croit plus, et qu’il suffit de savoir ce que le monde réclame à un moment donné sans s’inquiéter de ce qui l’a séduit jadis. Les conceptions, comme les institutions humaines, arrivent par la durée à acquérir une existence propre avec laquelle on doit compter ; elles subsistent encore par elles-mêmes, alors que nul ne parait plus s’en soucier, et, par la seule force d’impulsion, suivent le siècle qui affecte de s’en détacher. Or il est évident que, considéré comme fait, et indépendamment du milieu où il se réalise, le sentiment religieux entraîne avec soi tout un système de postulats et de conséquences qui survit encore en nous à l’état de métaphysique inconsciente. En un mot, la religion a son pôle objectif, comme elle a son pôle subjectif, et il convient de l’étudier en tant que répondant à une réalité supposée, comme principe régulateur de la pensée et de l’action.

Après le sceptique, il est donc bon de consulter le croyant. La critique de l’un s’achève par la confession de l’autre ; et, quel que soit le parti auquel on doive s’arrêter en fin de compte, l’idée historique qu’on aura prise, par ce double examen, de l’état de la religion à notre époque, en sera plus complète et plus juste.

L’ouvrage de M. Mamiani se divise en six parties, où il étudie:d’abord les rapports de la religion avec la science, avec la critique et avec l’histoire ; ensuite les fondements de la religion prise en elle-même, l’acte d’adoration et la révélation naturelle ; enfin l’idée qu’on doit se faire de la meilleure religion. Nous nous bornerons ici à une analyse aussi exacte que possible, où nous respecterons l’ordre et l’esprit dans lequel l’auteur a présenté les problèmes et les solutions.

I. — Science et religion.

Quiconque admet une religion doit commencer par croire à l’existence d’un Dieu personnel; l’acte d’adoration, qui est le principe même du sentiment religieux, est inconciliable avec le panthéisme. Il est aussi impossible à l’homme de s’adorer lui-même que d’adorer toutes choses : « si tout est Dieu, rien n’est Dieu. » — Voici, du reste, les conditions premières qu’implique l’hypothèse d’une religion quelle qu’elle soit :

1° Idée d’une cause infinie et individuelle.

2° Conception de cette cause comme consciente et bonne.

3° Croyance à l’efficacité de l’expiation et de la prière.

4° Par suite, croyance à la liberté et à la responsabilité.

5° Enfin croyance à la Providence.

De nos jours, tout cela est nié ; et au nom de quoi ? Au nom de la