Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome IX, 1880.djvu/700

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
690
revue philosophique

tion envahie par une critique dont les résultats n’ont guère été jusqu’à présent que négatifs. C’est aussi comme le testament philosophique d’un vieillard qui, placé par son âge entre deux siècle, nous avertit, nous, les hommes du temps présent, de ne point nous aveugler sur l’étendue de nos forces et de nous souvenir qu’on a pensé, voulu, souffert, aimé avant nous. Certes, nous n’acceptons pas toutes les conclusions de cette étude, mais nous pouvons reconnaître avec l’auteur que la philosophie présente oublie peut-être un peu trop la philosophie passée, que la science moderne n’a point tout à fait renouvelé l’esprit humain, et qu’il est parfois bon de s’aller retremper aux sources de tout idéalisme et de toute métaphysique, en revenant aux vieux maîtres, à Platon, à Aristote, à Descartes, à Leibniz. C’est l’impression que nous garderons de cette lecture, et nous ne pouvons mieux louer M. Mamiani qu’en associant son nom à ces grands noms.

Léopold Mabilleau.

Dr J. I. Hoppe. — Die Schein-Bewegungen (Les mouvements illusoires). In-8, xii-212 p. — Würzburg, A. Stuber. — 1879.

On peut distinguer en deux classes les illusions des sens ; les unes, pour ainsi parler, sont normales, en ce sens que tout individu, en parfaite santé du corps, en parfait équilibre de l’intelligence, est en mesure de les observer sur lui-même, pourvu qu’il se place dans certaines conditions définies ; il en est d’autres au contraire, comme les hallucinations par exemple, qui tiennent à des états anormaux du système nerveux, que ces états soient d’ailleurs accompagnés ou non de désordres intellectuels. Tout en réservant la question de savoir s’il est possible de tracer entre ces deux classes une ligne absolue de démarcation, nous pouvons dire qu’une étude approfondie des illusions qui se rangent sous la première, et qui sont d’ailleurs assez mal connues en général, présente évidemment, au point de vue médical, une grande importance, tandis que, d’un autre côté, elle touche à d’intéressants problèmes de philosophie.

L’ouvrage dont nous allons parler est une monographie des illusions normales relatives à la perception du mouvement ; son auteur, à la fois docteur en médecine et en philosophie, avait toute la compétence nécessaire pour donner à cette étude les développements qu’elle comporte. Son travail est au reste fort consciencieux et entre dans les détails les plus menus ; nous devons toutefois dire qu’il ne nous paraît nullement définitif dans la partie seule vraiment intéressante pour nous, j’entends les explications données des illusions décrites.

Quiconque est étranger à ces questions et ne fait point, par suite, entrer en ligne de compte les difficultés qu’elles présentent, récla-