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aviez le droit de les trouver toutes fausses et détestables ; vous avez usé largement de des droits, du dernier surtout ; je n’ai point du tout la pensée de venir ici m’en plaindre.

Mais ce droit d’appréciation sur la valeur morale et intellectuelle des productions de l’esprit ne peut aller jusqu’au point de présenter inexactement les faits qui constituent la base même d’un ouvrage et sans lesquels il n’aurait point de raison d’être.

Votre compte rendu dit un certain nombre de fois à vos lecteurs que je ne suis pas qualifié pour faire une histoire de la philosophie et ne parle pas du vrai titre de mon ouvrage. J’ai écrit une histoire de la psychologie et non l’histoire de la philosophie. Vous connaissez mieux que moi sans doute l’énorme différence qui existe entre ces deux histoires : l’une se renferme spécialement dans l’étude des phénomènes qui ont trait à la pensée et aux facultés mentales ; l’autre a pour domaine la totalité des connaissances de l’esprit humain. Puisque vous avez parlé d’une sorte d’ouvrage que je n’ai pas écrit, j’estime que vos lecteurs, sans intention de votre part, ont été induits à erreur.

Vous dites d’un autre côté que, sous ma plume, des noms d’auteurs se pressent pêle-mêle, surpris de se rencontrer. Je viens ici protester franchement contre cette manière de présenter les faits.

En écrivant mon Histoire de la psychologie je me suis renfermé absolument dans le sujet que je traitais. J’ai suivi exactement l’ordre chronologique d’un bout à l’autre, depuis les temps préhistoriques jusqu’à nos jours. J’ai mis chaque chose, chaque nom, chaque citation à sa place. Mon ouvrage (quelque puisse être son manque de valeur sous tous les autres rapports) est le contraire du désordre et du pêle-mêle. Le rapprochement des noms que vous citez avait sa raison d’être logique. J’affirmais que beaucoup d’hommes éminents ont nié la possibilité d’arriver à la connaissance des phénomènes de la pensée par le moyen de l’observation intérieure.

Pour prouver mon affirmation, j’avais à citer les noms de ces savants. Vous trouvez ma citation ridicule, parce que ces noms appartiennent à des hommes qui ont vécu dans des siècles différents et qui se sont illustrés de différentes manières. Tous les livres sérieux que j’ai lus contiennent des faits de ce genre.

Je me crois fondé à vous adresser cette réclamation, et, comptant sur votre impartialité, j’ose espérer que vous voudrez bien l’insérer dans un de vos prochains numéros.

J’ai l’honneur de vous présenter ma considération très distinguée.

Amédée H. Simonin.

M. Alexandre Bain, qui professait, comme on le sait, à l’Université d’Aberdeen, vient, pour des raisons de santé et d’âge (il a 62 ans), d’envoyer sa démission, par une lettre du 10 mai 1880, au Conseil de l’Université.

Notre collaborateur, M. E. Beaussire, vient d’être élu membre de l’Institut (Académie des sciences morales).

Le Propriétaire-gérant,
Germer Baillière.