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notes et discussions

Le Vampyrella Spirogyræ, rangé par Zopf parmi les animaux-champignons, et dont la situation est encore si peu connue, est un être dont le corps est constitué ntsimpleme par une masse de protoplasma et un noyau. On n’a découvert jusqu’ici chez cet être aucun autre organe différencié, sauf 1 à 4 vésicules contractiles. Peut-être doit-on, en employant la terminologie de M. Richet, donner à cet être le nom de cellule simple ; cependant cette cellule simple a une psychologie fort compliquée, car elle fait un choix dans ses aliments : elle n’attaque que les Spirogyra.

Il en est de même du Monas amyli, qui ne possède ni œil, ni bouche, qui représente donc pour M. Richet une cellule simple, et qui cependant exerce un choix dans son alimentation, car il se nourrit exclusivement de grains d’amidon.

Les éléments anatomiques des tissus ne diffèrent pas autant qu’on pourrait le croire des micro-organismes dont j’ai essayé de rapporter l’histoire psychologique ; ils présentent les mêmes facultés de sélection, et je me borne à rappeler, à ce sujet, les cellules épithéliales de l’intestin, ou cellules phagocytes, dont j’ai décrit les propriétés dans mon travail, et qui savent faire une distinction, par exemple entre les gouttelettes de graisse et les particules de charbon, car elles absorbent les premières et n’absorbent pas les secondes.

Je le répète donc, aucune cellule vivante actuellement définie n’est une cellule simple, et je ne crois pas que M. Richet en ait cité un bon exemple en parlant de la cellule musculaire, car c’est un des éléments les plus différenciés qui existent.

Je ne vois donc pas à quels éléments, à quels êtres clairement définis pourrait s’appliquer la psychologie cellulaire simple, réduite à l’irritabilité, que M. Richet me propose de distinguer de la psychologie cellulaire complexe, laquelle serait réservée exclusivement aux micro-organismes animaux et végétaux que j’ai décrits.

Il me semble que cette psychologie cellulaire simple manque de base ; c’est une conception de l’esprit plutôt qu’une étude reposant sur des faits d’observation.

Dans le livre de M. Richet sur la psychologie générale, je ne trouve aucune indication à l’égard des êtres dont il veut parler. Il (p. 20 et 27) se contente de parler d’êtres simples, sans les définir autrement. À la fin de ses observations relatives à mon travail, M. Richet cite un exemple d’êtres simples, ce sont les bactéries ; à son avis, l’irritabilité chimique paraît être la seule loi de leur mouvement. Qu’est-ce donc, dit-il, que les mouvements des bactéries, sinon une affinité pour l’oxygène, c’est-à-dire en somme le phénomène chimique le plus simple et le plus général qui existe dans la nature ?

Quant à nous, nous prenons cette dernière phrase pour une métaphore ; nous croyons que personne encore n’a démontré que les mouvements d’un être vivant, si simple qu’il soit, lorsqu’il se porte sur un objet éloigné, s’expliquent simplement par une affinité chimique s’exer-