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Il n’y a donc pas seulement des réflexes psychiques viscéraux, énormes, tels que la syncope de la frayeur, et le vomissement du dégoût. Il y a une série de petits réflexes psychiques, extrêmement faibles, presque imperceptibles, qui agissent perpétuellement sur l’universalité des appareils glandulaires et circulatoires. Ils commencent avec la vie même de l’être, et ne cessent qu’à la mort.

Nulle force extérieure, qui frappe nos sens et qui détermine une perception, n’est sans influence sur l’innervation du cœur, des muscles inspirateurs, de l’iris, des vaso-moteurs. Tout ce qui provoque une émotion, un sentiment, une affection de l’âme retentit par voie réflexe sur le cœur, les vaisseaux artériels et veineux, l’iris, le rythme respiratoire, les sécrétions glandulaires, les mouvements intestinaux. Or, comme toute perception détermine, à un degré quelconque, une émotion et un sentiment, il est clair que chaque perception retentit par voie réflexe sur les appareils organiques. Par là est établi le consensus harmonique qui unit l’âme avec les viscères, et qui fait que toute affection de l’âme se répercute sur les viscères.

À l’état normal, quand nos sens sont éveillés, quand de toutes parts nous arrivent des sensations visuelles, auditives, tactiles, il y a, par le fait de ces sensations, une série de phénomènes affectifs sur lesquels l’attention se porte avec plus ou moins de force. L’attention ne sert guère qu’à la conscience plus ou moins grande des phénomènes. Elle ne modifie pas leur intensité. Il peut y avoir phénomène affectif sans attention. Par conséquent, qu’il y ait plus ou moins d’attention, les affections de l’âme n’en retentissent pas moins sur les appareils de la vie végétative, de sorte que les centres nerveux supérieurs, où se produisent les phénomènes affectifs, actionnent constamment la moelle épinière, et la maintiennent dans une sorte de tonicité perpétuelle.

Ces réflexes sont presque toujours des réflexes d’inhibition. Quand nous disons que l’arrêt des battements du cœur est un réflexe psychique, nous voulons parler d’un phénomène d’arrêt. De même, quand une émotion morale violente suspend la sécrétion du suc gastrique et provoque l’indigestion, c’est encore un réflexe d’arrêt et une inhibition. En général, les réflexes psychiques que provoquent les affections ressenties par les centres nerveux sont des réflexes d’arrêt. Aussi cette tonicité, dans laquelle la moelle est maintenue par le fait des excitations cérébrales, est-elle plutôt une tonicité d’arrêt qu’une tonicité d’excitation.

Il s’ensuit que la suppression des centres nerveux contribue à