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ANALYSES.eugen von schmit. Concept et siège de l’âme.

voir que le moindre désordre, la plus minime atrophie ou hypertrophie de ces organes entraînent fatalement une rupture d’équilibre entre les centres cérébraux, et des changements plus ou moins profonds et durables dans les fonctions les plus délicates de la vie psychique.

Le chapitre suivant est consacré à une revue rapide des désordres se produisant sous l’action des excitations extérieures et intérieures ; c’est un des meilleurs du livre ; on y trouve notamment des vues ingénieuses sur la délimitation du conscient et de l’inconscient, et des aperçus intéressants sur l’hérédité psychique, sur le rôle de l’éducation, sur les racines purement physiologiques de l’habitude. Le quatrième chapitre traite des sensations, perceptions ou, pour parler exactement, des états psychiques élémentaires qui sont considérés par l’auteur comme le résultat nécessaire, mais déjà très compliqué, de l’action exercée sur les différentes parties du système nerveux par les excitations extérieures et intérieures ; M. Drill n’oublie pas d’étudier à ce propos les faits constitutifs de la personnalité et l’influence de ses modalités normales et pathologiques sur les fonctions de la vie mentale en général et de la vie affective en particulier. Enfin, dans un cinquième et dernier chapitre, l’auteur s’attache à prouver le rôle considérable joué par le mécanisme vaso-moteur et la circulation sanguine dans la genèse et l’évolution de tous les phénomènes morbides de la vie psychique. La conclusion générale, à laquelle aboutit en fin de compte M. Drill, d’accord avec une école des plus méritantes d’ailleurs, est facile à prévoir : elle consiste à nous présenter le crime comme une névrose, une dégénérescence ou déchéance physique d’une espèce particulière et qu’on ne saurait assez soigneusement distinguer, malgré de nombreuses affinités, d’avec une autre variété importante du même groupe, — l’aliénation proprement dite.

En somme, le livre de M. Drill est un travail de bonne foi, instructif, extraordinairement riche en documents et en informations puisées aux meilleures sources, exposant avec clarté les questions théoriques à côté des faits observés — souvent personnellement par l’auteur — un peu partout, dans les hôpitaux, les prisons, les maisons d’aliénés, les cliniques professorales. Avec toutes ses qualités, cet ouvrage me semble appelé à rendre de précieux services, sinon au petit cercle des savants et des philosophes, du moins au grand public qu’il s’agit avant tout d’amener à des idées claires et plus saines sur cette grosse question des racines physiologiques du crime. Le livre de M. Drill pourra encore être utile, en Russie, à la jeunesse des écoles, si avide de lumière, si digne de toutes les sympathies et si cruellement éprouvée.

E. de R.

Dr Eugen von Schmit. — Begriff und Sitz der Seele (Concept et siège de l’âme). Heidelberg, Weiss, 1887. IV-76 p. in-8o.

L’auteur de ce petit écrit a réussi à traiter d’une manière convenable