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expliquer la mémoire consciente et de méconnaître la distinction qui existe entre le souvenir conscient et le souvenir inconscient. Quant à lui, il sépare nettement ces deux sortes de souvenir et prétend que l’activité de la mémoire consciente ne peut se ramener aux lois de la matière.

Le 3e livre traite de la mémoire inconsciente des nerfs sensibles et des nerfs moteurs, le 4e de la conscience et de ses conditions, le 5e des formes de la conscience (sensation, pensée, sentiment, volonté), le 6e de la mémoire de la vie consciente, le 7e de la pathologie de la conscience et de la mémoire, le 8e du langage envisagé principalement dans ses rapports avec la mémoire, enfin le 9e est consacré à l’étude des applications pratiques et particulièrement des applications pédagogiques qu’on peut faire des principes et lois établis précédemment.

Comme on le voit, c’est une étude très complète de la mémoire et presque un résumé de toute la psychologie. On y peut signaler quelques longueurs, notamment dans la partie qui traite de l’histoire.

Un certain nombre de développements ne se rattachent guère au sujet. Le caractère parfois un peu trop dogmatique de l’exposition s’explique sans doute par ce fait que l’auteur s’est proposé un but pratique, a voulu faire œuvre de vulgarisateur plutôt que de chercheur original. Les tendances de l’ouvrage sont empiristes. Pourtant, l’auteur distingue la pensée (das Denken) comme un mode spécial d’activité psychique et affirme à diverses reprises la nécessité d’admettre un principe conscient séparé de la matière.

B. Bourdon.

Paul Natorp. — Einleitung in die Psychologie nach kritischer Mmethode. Mohr, Freiburg. i. B., 1888, 129 pp..

Cet ouvrage est divisé en deux parties traitant, l’une de l’objet, l’autre de la méthode de la psychologie. L’objet de la psychologie serait constitué, selon l’auteur, par ces phénomènes dont la liaison est considérée indépendamment de ce qu’elle signifie objectivement : telles sont, par exemple, ces illusions des sens auxquelles la science refuse une valeur objective. La représentation de l’objectivité, en tant que représentation, serait elle-même étudiée par la psychologie.

Ce sont les mêmes phénomènes qui sont psychiques ou physiques suivant la manière dont nous les considérons. D’où l’auteur conclut qu’on peut rechercher le côté physique ou objectif de tout phénomène subjectif ; bien plus, un événement psychologique ne peut être expliqué, rattaché à des lois causales « que par la méthode de la science physique », c’est-à-dire objectivement ; l’auteur en donne entre autres preuves celle-ci, c’est que la causalité se relie au temps, lequel n’est mesurable, déterminable avec précision qu’au moyen de l’espace. Il est intéressant de remarquer que ces conclusions sont d’un criticiste.

La psychologie a pour fonction propre la reconstruction de l’immédiat dans la conscience en partant des objectivations accomplies par la science et, avant la science, par la considération journalière des choses.