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Nous avons constaté chez un de nos malades, pour lequel les excitations modérées produisent des impressions blanches, que l’excitation de n’importe quelle partie insensible du corps, pourvu qu’elle soit suffisamment intense, produit des taches assez lumineuses pour provoquer l’hypnose. On peut dire que chez un sujet de ce genre toute la surface insensible du corps peut jouer le rôle d’une plaque hypnogène.

La méthode précédente qui consiste à rechercher dans des impressions visuelles la trace des excitations portées sur une surface insensible, nous a permis d’établir que le plus connu des esthésiogènes, l’aimant, lorsqu’il est appliqué à une petite distance d’un membre anesthésique, produit des sensations lumineuses comme le fait le contact direct. Aussi, croyons-nous, en présence des discussions sans nombre qui s’élèvent relativement à l’action de l’aimant sur le corps humain, qu’on pourrait ramener le débat à la question de savoir si oui ou non l’aimant, à une petite distance, produit une sensation, chez l’hystérique.

J’ai noté que, sous l’influence de l’aimantation, les impressions visuelles produites par l’excitation d’une région insensible prennent une couleur rouge chez plusieurs sujets ; ce changement de coloration qu’on observe aussi au voisinage du tégument sensible peut être considéré comme un signe précurseur du retour de la sensibilité. Il y a là un accord bien curieux entre deux expériences toutes différentes, l’excitation d’une zone insensible au voisinage de la limite de l’anesthésie, et l’excitation d’une zone insensible pendant l’aimantation.

IV

L’extériorité de la vision mentale.

Nous avons vu que la plupart de nos sujets hystériques peuvent se représenter assez vivement la forme et la couleur d’un objet pour le projeter au dehors sur une surface quelconque. Chez eux, la vision mentale spontanée prend facilement le caractère hallucinatoire. Il en est de même pour les images visuelles élémentaires que l’on provoque en excitant des régions insensibles de la peau. Si par exemple on pique la main insensible d’une malade pendant qu’elle lit un journal, elle voit bientôt des taches blanches ou grises qui se dessinent sur le journal et l’empêchent de continuer la lecture.

Ce premier fait d’extériorisation, si banal qu’il puisse paraître au premier abord, peut servir à montrer qu’une image mentale, quand